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  Culture du poivron (Capsicum annum)

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Le poivron (Capsicum annum) est surtout une culture de la saison sèche fraîche sur laquelle les températures élevées peuvent provoquer la chute des fleurs et des jeunes fruits. C’est l’espèce qui s’adapte le mieux au climat tropical et la plus cultivée dans le pays, essentiellement pour ses fruits très riches en vitamines C et A ; ils sont consommés cuits dans la sauce ou crus en lamelles dans la salade. Le poivron est également utilisé dans les conserveries. Le poivron est commercialisé à l’état sec, la vente en frais et la transformation en poudre restant marginales. Environ 80% de la production est absorbée par le marché nigérian.
Poivron en fructification (DCR, 2006).jpg Fruits de poivron (DCR, 2006).png
Poivron en fructification (DCR, 2006) Fruits de poivron (DCR, 2006)

1. Objectifs

Les objectifs de la culture sont :

  • Diversifier la production
  • Améliorer la qualité nutritionnelle des ménages
  • Améliorer les revenus des producteurs

2. Contexte/Conditions du milieu

Le poivron est cultivé dans toutes les régions du Niger, mais sa production s’est surtout développée dans la région de Diffa où il constitue la principale culture de rente. 
Le poivron ne tolère pas les températures élevées, car ces dernières provoqueraient divers accidents dont entre autres l’avortement des fleurs et des jeunes fruits qui se traduit par de faibles rendements.
Le poivron craint l’asphyxie racinaire et il préfère les sols profonds et bien drainés, ni trop lourds ni trop légers, et riches en éléments fertilisants. Il supporte mal la concurrence des mauvaises herbes. Le pH du sol doit être compris entre 6,5 et 7.


3. Etapes de mise en œuvre

❖  Choix des variétés :

Le poivron, Capsicum annum, comprend des variétés à fruits doux (sweet peppers) et des variétés à fruits piquants. Toutes les variétés de Capsicum à fruits piquants sont appelées piments (hot peppers).

Les variétés les plus utilisées sont : Yolo Wonder à gros fruits rectangulaires, Earliest Red Sweet à fruits moyens rectangulaires à triangulaires et rougissant rapidement, Stella F1, California Wonder. Plusieurs cultivars locaux sont également utilisés dans les différentes zones de production, notamment Miri Koro et Kangadi N’glaro dans la région de Diffa.

Quelques variétés de poivron cultivées au Niger (PromAP, 2019)


Vars

Kangadi NGlaro ; Tilam

NGlaro ou Touam Fehe (corne de bélier, langue de bélier, mamelle de vache)


Mouri Koro (crotin

d’âne)


Intermédiaire

Images

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Couleur

Rouge pourpre à vermillon

Rouge foncé

Rouge vif

Goût

Piquant

Peu piquant

Peu piquant







California wonder.png Yolo wonder B.png
Yolo wonder Yolo wonder B

 

Variétés

Cycle

(jours après repiquage)

Rendement

      (t/ha)

Mois de l’année

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Kangadi NGlaro

120-180

15-30

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mouri Koro

120-180

15-30

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Intermédiaire

120-180

15-30

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

California wonder     

120-180

15-30

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Yolo wonder

160-180

   20

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Période favorable à la culture :                          
Période défavorable à la culture :                       

Occupation du terrain : 
120 à 180 jours.


❖  Choix du terrain
:

Choisir de préférence un sol ni trop lourd ni trop léger, profond et bien drainé, riche en matières organiques bien décomposées et en éléments fertilisants.

❖  Préparation du sol :

En fumure de fond, pour une planche de 10 m² de culture, incorporer par bêchage 15 à 25 kg de matières organiques bien décomposées et 500 g d'engrais minéral (15-15-15).

❖  Semis en pépinière  :

Le semis se fait de préférence en pépinière, de septembre à novembre.
4 grammes de graines semées sur 2m2 de pépinière permettent de produire des plants pour 100 m2 de culture. Le séjour en pépinière dure entre 30 et 45 jours. 

Les semis seront effectués sur une planche surélevée de 1m de largeur et 7m de long, où l’on incorporera en mélange au sol par piochage : 4kg de fumier bien décomposé enfoui à la préparation du sol + 100g d’engrais minéral composé NPK (15-15-15) pour 1m2.

❖  Repiquage : 

Les plants lorsqu’ils ont 3 à 4 feuilles sont arrachés avec leur motte, ou tout au moins en conservant le maximum de terre autour des racines. Ils seront repiqués jusqu’au niveau des cotylédons, qui doivent rester à l’air libre, immédiatement après leur arrachage le soir à la fraîcheur, la plantation étant immédiatement suivie d’une irrigation qui sera répétée le lendemain. La période de plantation s’étale d’Octobre à Mars.

❖  Ecartements  :

La plantation s’effectuera sur des planches avec deux lignes espacées de 0,4 à 0,5m, les plants étant espacés de 0,4 à 0,5m sur la ligne.

❖  Entretien  :

Les travaux d’entretien consisteront en binages et sarclages en évitant d’endommager le système radiculaire. Il faudra supprimer les premiers fruits si le développement de la plante est insuffisant. 

L’irrigation devra être régulière, et progressive, les besoins en eau croissant à partir de la floraison pour être les plus importants au moment de la récolte. L’excès d’eau provoque l’asphyxie du système racinaire, caractérisée par la couleur vert clair du feuillage. Le manque d’eau provoque la chute des fleurs, le feuillage est alors vert foncé.

La fumure d’entretien consisterait en une incorporation par greffage de 2kg d’engrais minéral (15-15-15) pour 100m2 les 15ème, 30ème, 50 ème et 80ème jours après le repiquage.
En cas d’utilisation du système goutte à goutte, on appliquera directement dans l’eau d’irrigation 50 mg/l en debut de culture et par la suite 100mg/l lorsque les plants sont adultes.

❖  Principaux ennemis et maladies, et méthodes de lutte : 

Les insectes et ravageurs les plus rencontrés sont :

          •    La mouche des fruits (Ceratitis capitata) : Les asticots se nourrissent de la chair des fruits dans lesquels ils creusent des galeries. Les moyens de lutte à utiliser sont le ramassage et brûlage des fruits tombés et traiter avec des produits homologués au Niger.
          • Les pucerons (Macrosiphum solanifolia) : Ils sucent la sève des plantes et transmettent les maladies à virus. Traiter avec des insecticides homologués au Niger.
            ☞le vert gris (noctuelles) : sur racines et collet, contre lequel on lutte par la désinfection des pépinières et des sols de culture.

Les maladies les plus rencontrées sont :

          • La fonte des semis due à plusieurs champignons, contre laquelle on lutte par le traitement des semences, ou la désinfection des pépinières. 
          • Le flétrissement bactérien causé par Pseudomonas solanaceru, une bactérie à croissance rapide qui provoque le flétrissement de la plante. Elle est véhiculée par les eaux d'irrigation en provenance des rivières ou des plans d'eau. Pour la lutte il faut utiliser des variétés résistantes.
          • Maladie vasculaire des racines et du collet causée par Phytophtora capsici, qui provoque le flétrissement brutal de la plante. Pour la lutte utiliser de l'eau d'arrosage de bonne qualité.
          • Les maladies virales de la panachure et de la mosaïque du poivron. Elles sont manifestées par une décoloration en mosaïque du feuillage, le clouage et la déformation des feuilles. Ces maladies sont transmises par les pucerons, les cicadelles, les mouches blanches. Il faut traiter la culture et son environnement avec des produits homologués au Niger, brûler les plants attaqués, utiliser des variétés résistantes.
          • La nécrose apicale ou pourriture du fruit, maladie physiologique à parer avec un arrosage régulier et un chaulage des terres trop acides.

Pour le choix des fongicides ou des insecticides, consulter les services compétents ou appeler le Centre d’Appels pour un conseil agricole : 92 24 24 24 / 89 97 97 74 / 84 74 74 74 / 93 32 38 92.

❖  Récolte et conservation

La première récolte se situe à environ 60 à 80 jours après le repiquage, et on peut récolter les fruits immatures (verts) ou murs (rouges) selon les variétés. Ils sont récoltés manuellement avec leur pédoncule. A l’état mûr, ils se détachent facilement de la plante. 

Les rendements sont très variables (4 à 25T/Ha) et peuvent atteindre 40T/Ha. 
Les fruits de poivron se conservent peu et dans un endroit frais. Le séchage des fruits entiers ou des tranches minces au soleil est la meilleure méthode de conservation


4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

-    Organisation et formation des producteurs en techniques de production et de conservation
-    Fourniture d’intrants et d’équipements avec un bon rapport qualité/prix
-    Promotion de la transformation
-    Facilitation du lien avec le marché
-    Ecoulement de la production


5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Existence d’une forte demande

-        Disponibilité des variétés améliorées

-        Adaptée aux conditions climatiques

-        Avantages comparatifs pour l’exportation

-        Améliore la qualité nutritionnelle et procure des revenus

-        Forte organisation de la filière

-        Accès limité au financement

-        Faible organisation des producteurs

 


6. Coûts de la technique

Coût moyen de production pour un hectare de poivron

Rubriques

Unité

Quantité

Prix unitaire (FCFA)

Montant (FCFA)

Préparation du terrain

ha

1

12 000

12 000

Sarclage

ha

1

30 000

30 000

Semences de poivron

Sachet de 10g

50

1 500

75 000

Engrais minéraux

kg

600

500

300 000

Matière organique

kg 

500

600

300 000

Main d’œuvre

h/j

480

1 200

576 000

Produits phytosanitaires

Litre

5

10 000

55 000

Carburant/huile (irrigation)

Litre

490

540

264 600

Total investissement

 

 

 

1 612 600

Source : Extrapolation à partir de la Fiche technico-économique pour la culture du poivron (CRA Maradi, 2017) et des Résultats du conseil de gestion à l’exploitation agricole pour la culture du poivron/campagne 2015-2016 (CRA Diffa, 2016) et des informations tirées d’un compte d’exploitation d’un producteur de Niamey.


7. Durée de vie

Le cycle végétatif du poivron varie entre 120 et 180 jours.


Références bibliographiques

  • FCMN-NIYA-Projet de Sécurisation de l’Elevage et de l’Agriculture péri-Urbains de Niamey (PSEAU), 2005 : Etude sur la production de Tomate en milieu péri-urbain, 2p. 
  • ICRISAT (JPA) : Manuel de Jardin Potager Africain pdf, 55p.
  • CRA Maradi, 2017 : Fiche technico-économique pour la culture du poivron, 4p.
  • CRA Diffa, 2016 : Résultats du conseil de gestion à l’exploitation agricole pour la culture du poivron / campagne 2015-2016, rapport, 11p.