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  Culture en couloirs (avec des espèces ligneuses améliorantes)

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La culture en couloirs aussi appelée « culture en allées », est un système d’exploitation des terres dans lequel les cultures vivrières saisonnières sont cultivées dans les couloirs formés par des haies vives (d’arbres ou d’arbustes), de préférence les légumineuses, compte tenu de leur aptitude à fixer l’azote atmosphérique, ou des graminées comme Andropogons gayanus pour leur valeur marchande.
Culture du sorgho entre 2 bandes de moringa.png
Culture du sorgho entre 2 bandes de moringa (Source : Projet OSS)

1. Objectifs

L’atout principal de la culture en couloirs réside dans la superposition spatiale et temporelle des cycles de culture et de jachère. Elle permet ainsi l’exploitation de la terre pendant de longues périodes sans que s’impose une remise en friche.
Les principaux objectifs sont :

  • Freiner l’érosion éolienne et hydrique du sol ;
  • Améliorer la fertilité du sol ;
  • Augmenter la productivité des cultures ;
  • Produire la biomasse (cultures et élagage des espèces ligneuses) ;
  • Réduire les effets du changement climatique.


2. Contexte/Conditions du milieu

La technique de culture en couloirs est appropriée pour les régions tropicales humides et subhumides. Elle est aussi faite dans les régions semi-arides où la production de biomasse est insuffisante pour améliorer la fertilité des sols.


3. Etapes de mise en œuvre

❖  Implantation :

L’implantation des cultures en couloirs se fait selon les paramètres suivants :

          • La bande de végétation est composée d’une à deux lignes (dont les écartements sur les lignes et entre les bandes varient selon les espèces) ;
          • Pour une parcelle d’exploitation présentant un risque d’érosion éolienne, installer les bandes perpendiculairement au vent dominant pour créer un effet brise vent ;
          • Pour une parcelle d’exploitation présentant un risque d’érosion hydrique, les bandes doivent suivre les courbes de niveau donc perpendiculairement à la pente.
❖  Schéma technique  :

La distance entre les haies brise-vent est de 20-25 m. La distance entre les arbres est de 5 m (voir photo). La densité des plants varie de 100 à 200 plants/ha, selon le nombre de lignes d’arbres plantées.

a.    Gestion des bandes végétales
          • Les premières coupes ont lieu en général lorsque les tiges mesurent plus de 2 m de hauteur;
          • La hauteur de la coupe est de 1,50 à 2 m ;
          • Les tailles s’effectuent une fois par an et en début d’hivernage (juin-juillet). Les branches taillées peuvent être répandues sur toute l’allée, ainsi les feuilles laissées sur le sol après séchage, contribuent à améliorer la fertilité du sol et favorisent l’infiltration de l’eau ;
          • Pour optimiser la production d’engrais vert, les bandes végétales peuvent être coupées à une hauteur de 30 à 60 cm.
b.    Choix des espèces

Le choix des espèces tient compte des principales caractéristiques suivantes :

          • Une couronne ouverte et perméable à la lumière ;
          • Une bonne capacité de rejeter après les coupes ;
          • Des feuilles qui se décomposent bien et vite ;
          • Un système racinaire pivotant ;
          • Peu de racines traçantes ;
          • Des capacités de fixer l’azote atmosphérique.

D’une manière générale, les légumineuses sont les espèces les plus indiquées pour les cultures en couloirs, en raison de leur croissance rapide et de leur capacité de fixer l’azote atmosphérique. Les espèces couramment utilisées pour les cultures en couloirs sont Leucaena leucocephala (faux acacia), Faidherbia albida (gao), Azadirachta indica (neem), Albizia lebbeck (bois noir), Sesbania sesban, Cajanus cajan (pois d’angole).


4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

L’agroforesterie moderne, associant arbres en ligne et cultures annuelles, apparaît comme un moyen particulièrement performant de production, tant du point de vue des rendements (30% à 60% de productivité en plus), que du point de vue économique (faible coût, valeur patrimoniale, etc.), pratique (facilité de mise en œuvre et d’entretien) ou écologique (ombrage, fertilisation, réduction des pollutions, biodiversité, etc.). En termes de durabilité, la réintroduction de l’arbre en grande culture est le parfait complément de systèmes d’agriculture durable (agriculture de conservation, intégrée, bio, etc.). 


5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Augmentation de la fertilité des sols, limitant ainsi la dépendance vis-à-vis des engrais ;

-        Amélioration des rendements agricoles ;

-        Possibilités d’obtenir des produits secondaires (bois de feu, fourrage) ;

-        Technique facilement reproductible.

-        Bonne stratégie d’adaptation au changement climatique.

-        Lutte contre l’érosion hydrique

-        Lutte contre l’érosion éolienne

-        Technique peu adaptée pour les régions semi-arides ;

-        Suivi rapproché de la bande végétale (développement des branches pouvant produire un effet d’ombrage sur les cultures vivrières) ;

-        Emondage des arbres chaque début d’hivernage ;

-        Développement des maladies cryptogamiques ;

-        Prolifération des insectes et des oiseaux ravageurs.


6. Coûts de la technique

Coût moyen de mise en place d’un ha de système agro forestier ensemencé en sorgho

Rubriques

Unité

Quantité

Prix unitaire (FCFA)

Montant (FCFA)

Préparation du terrain

h/j

20

1 200

24 000

Achat semences de sorgho

kg

5

500

2 500

Achat plants

nb

200

500

100 000

Semis

h/j

15

1 200

18 000

Plantation

plt

200

75

15 000

Entretien

h/j

75

1 200

20 750

Récolte

h/j

25

1 200

30 000

Battage

h/j

25

1 200

30 000

Coût transport

 

 

 

PM

Total investissement

 

 

 

240 250

Source : Extrapolation à partir des documents exploités 

NB : Les prix des plants varient selon les espèces et les zones.


7. Durée de vie

En termes de durabilité, la réintroduction de l’arbre en grande culture est le parfait complément de systèmes d’agriculture durable (agriculture de conservation, intégrée, biologique...). 
Durée de vie non déterminée.


Références bibliographiques

  • Balaisubramanian V. et Sekayange L. 2021. Effets de la culture en couloir sur les propriétés, 12p
  • Konan-Kan Hippolyte KOUADIO et al. (2014). Etude de la culture en couloirs de manioc (Manihot esculenta) in Afrique SCIENCE, 15p
  • Hanspeter Liniger, 2021. La grande diversité dans un système agro forestier, en Ethiopie, 16pp
  • Moumouni Savadogo, Jacques Somda, Oumarou Seynou, Sylvain Zabré et Aimé J.Nianogo, 2011 : Catalogue de bonnes pratiques d’adaptation aux risques climatiques au Burkina Faso, 62p
  • Groupe GDT Agroforesterie, 2009 : La pratique de la gestion durable des terres, 16p.