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  Compostage

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Le compostage consiste à fabriquer un engrais organique par la décomposition des matières premières organiques (résidus de culture, paille, fumier frais, herbes, feuilles, écorces, déchets urbains et déchets industriels appropriés) en une matière stable, de couleur sombre et d’aspect friable, sous l’effet des micro-organismes.
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Compost mur non tamisé (PromAP:GIZ,2019) Compost bien décomposé (IER-JIRCAS, 2012)


1. Objectifs

Le compostage a pour objectifs de :

  • Produire un fertilisant organique de qualité dont la mise en œuvre est facile aux petits producteurs du fait de la disponibilité de la matière organique et de la simplicité de la technique de fabrication ; 
  • Améliorer la fertilité des sols pour booster la production agricole ; 
  • Contribuer à l’intégration agriculture - élevage à l’échelle des exploitations agricoles.


2. Contexte/Conditions du milieu

Au Niger, les sols sont pauvres à très pauvres en matière organique, avec des taux qui varient entre 0,1 et 1,57% (-Rapport sur les ressources en sols du monde : Quatorzième réunion du sous-comité ouest et centre africain de corrélation des sols pour la mise en valeur des terres, Abomey, Bénin, 9-13 octobre 2000-p268). Pour pallier ce déficit en matière organique plusieurs types sont utilisés, dont le compost.  Il est de fabrication et d’utilisation facile et offre des bonnes performances sur le plan production agricole. 

Le compostage peut s’effectuer dans toutes les zones agro-climatiques du pays, mais nécessite la disponibilité d’eau. Le compost produit peut s’utiliser sur tous les types de sol. 

L’utilisation de la matière organique sous forme de compost est considérée comme l’une des solutions durables et écologiques les plus pratiques/abordables pour l’amélioration de la fertilité des sols.


3. Etapes de mise en œuvre

Le compostage peut être divisé en deux types selon la nature du processus de décomposition : en fosse ou en tas (aérien).
Les étapes de compostage en fosse et en tas ou aérien sont :

Compostage en fosse

Compostage en tas ou aérien

1.     Choisir l’emplacement de la fosse à côté d’un point d’eau. Dans le cas d’un puits, il faut respecter une distance minimale de quinze (15) mètres pour ne pas contaminer le point d’eau.

2.     Creuser une fosse de 3 m x 2 m et de 1 m de profondeur. Arroser légèrement le fond de la fosse.

3.     Épandre une mince couche de cendre pour protéger la fosse contre les termites.

4.     Procéder à l’étalage en 1ère couche des débris végétaux grossiers (tiges de mil ou sorgho, coques d’arachide, etc.) de 20 à 30 cm d’épaisseur. Arroser abondamment et tasser.

5.     Apporter en 2ème couche de 10 à 20 cm d’épaisseur de matériaux assez facilement décomposables (fumier de bovins ou ovins). Arroser suffisamment et tasser.

6.     Disposer ensuite une 3ème couche de 20 à 30 cm d’épaisseur des matières végétales fines (glumes de mil ou sorgho, balles de riz, paille sèche de brousse) et ordures ménagères décomposables. Arroser abondamment et tasser.

7.     Répéter cette même succession en 2 ou 3 répétitions jusqu’à la hauteur minimale d’un mètre.

8.     Couvrir soigneusement la fosse avec du secko, nattes ou tiges.

9.     Retourner tous les 15 jours, en veillant à ce que l’étage le plus superficiel soit le plus profond et ce en respectant la succession des couches.

10.  Arroser suffisamment et régulièrement (au moins de 2 à 3 fois par semaine).

11.  Selon la nature des matériaux, au bout de 60 à 90 jours, le compost est mûr.

12.  Faire sécher le compost mur pendant 1 journée à l’ombre.

13.  Stocker le compost mur dans des sacs avant son utilisation.

1.     Choisir l’emplacement de la compostière à côté d’un point d’eau. Dans le cas d’un puits, il faut respecter une distance minimale de quinze (15) mètres pour ne pas contaminer le point d’eau.

2.     Délimiter le site, le labourer superficiellement et le planer.

3.     Étaler une vieille bâche, un plastique ou des vieilles nattes.

4.     Procéder à l’étalage en 1ère couche des matériaux organiques de taille grossière de 20 à 30 cm d’épaisseur (tiges de mil ou sorgho, coques d’arachide, etc.). Arroser abondamment et tasser.

5.     Apporter en 2ème couche de 20 à 30 cm d’épaisseur des matériaux de taille moins grossière (les glumes de mil ou sorgho, les balles de riz, la paille sèche de brousse, les ordures ménagères décomposables, etc.). Arroser abondamment et tasser.

6.     Disposer ensuite une 3èmecouche de 10 à 20 cm d’épaisseur de matériaux assez facilement décomposables (par ex : fumier de bovins ou ovins). Arroser suffisamment et tasser.

7.     Sur la couche du fumier, étaler si possible une sous-couche de légumineuse fraîches (herbacées ou arbustives) ou autres végétaux verts. Leur richesse en azote facilitera la décomposition du compost. Arroser soigneusement la sous-couche.

8.     Répéter cette même succession jusqu’à avoir un tas de 1,2 – 1,5 m de hauteur ;

9.     Couvrir soigneusement le tas de compost avec une vieille bâche, un plastique ou de vieilles nattes.

10.  Procéder 15 jours après au 1ermélange (retournement) qui consiste à rendre le compost homogène. Arroser abondamment.

11.  Procéder un mois après au 2ème mélange dans les mêmes conditions que le 1er.

12.  Au bout de 60 à 90 jours, le compost est mûr. Une fois la fabrication du compost terminée, laisser le tas toujours bien fermé sans apport d’eau.

o   Epandre un peu d’urée entre les couches pour accélérer la décomposition

o   Contrôler régulièrement la température du compost durant la fermentation


Matériaux utilisés pour la fabrication du compost

Paille de brousse - Fumier - Glumes de mil - Cendre.png

Compostage en fosse.png Compostage aérien.png
Compostage en fosse Compostage aérien
Le compost peut être appliqué en :
❖  Épandage à la volée :
        • Disposer le compost en petits tas d’une charrette tous les 3 à 5 m en lignes ; 
        • Épandre et enfouir avant le semis de préférence, si non épandre au moment du premier sarclage. 
❖  Apport localisé :
        • 300 à 400 g par poquet et par apport, soit approximativement l’équivalent des deux mains jointes;
        • Déposer le compost de préférence en anneau distant de 5 à 10 cm du plant ;
        • Faire un premier apport au sarclage et un deuxième au tallage s’il n’y a pas eu d’amendement. 

NB : L’apport localisé s’applique au compost bien mûr et en fumure de couverture à la dose de 2 à 3 tonnes/ha comme dose minimale (soit environ 20 à 30 charrettes).


4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

Vu le temps que le compost met à être mature, il faut commencer le processus de fabrication en tenant compte de la période d’utilisation du produit. Il faut aussi former les communautés villageoises à la méthode de fabrication du compost. Avant de se lancer dans la fabrication du compost, il faut s’assurer de la disponibilité et de l’accessibilité des matériaux et de l’eau nécessaires pour fabrication, la conservation et les moyens de transport du site de fabrication au lieu d’utilisation du compost. Au terme du processus de maturation du compost, on procède à son utilisation pout l’agriculture. Vue son importance dans la production agricole, il est impératif d’accompagner les collectivités à travers la mise en place d’une structure de promotion de la pratique couplée aux actions de salubrité et d’hygiène.

5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Reproductible par les producteurs 

-        Valorisation des sous-produits végétaux et des ordures ménagères décomposables.

-        Améliore la fertilité du sol et la production agricole

-        Peut se conserver sur de longues périodes

-        Source de revenu

-        Améliore l’hygiène

-        Diminution  des maladies et élimination de graines des mauvaises herbes

-        Exigence d’une main d’œuvre importante pour le creusage de la fosse, le retournement du compost, la manutention du produit fini et l’application aux poquets  

-        Exige un moyen de transport

-        Le régime foncier peut constituer une contrainte pour les femmes qui ne jouissent pas de l’utilisation de la même terre pour une longue période

-         


6. Coûts de la technique

Sur la base des informations recueillies, les coûts moyens estimés sont de 35 000 francs CFA pour un compostage aérien sur une superficie de 2,5 à 5 mètres carrés, et 45 000 francs CFA pour un compostage en fosse de 6 mètres cubes. 

Détails des coûts pour le compostage en fosse.

Frais des matériels et matériaux

Rubrique

Unité

Quantité

Coût unitaire

(FCFA)

Total (FCFA)

Pelles

nb

2

4 000

8 000

Pioches

nb

2

4 000

8 000

Barre à mine

nb

1

10 000

10 000

Râteau

nb

2

2 500

5 000

Coupe-coupe

nb

2

3 000

3 000

Bidon métallique

nb

1

10 000

10 000

Arrosoir

nb

1

13 000

13 000

Bâche en plastique

nb

1

6 500

6 500

Urée

kg

1,5 ou plus

360 

540

Sous-total 1

64 040

Coût de production de compost dans une fosse de 6m3 (3m x 2m x 1m), soit environ 3,3 tonnes de compost

Rubrique

Unité

Quantité

Coût unitaire

(FCFA)

Total (FCFA)

Confection de la fosse

h/j

9

1 500

13 500

Collecte des matières

h/j

3

1 500

4 500

Mise en place des matériaux

h/j

3

1 500

4 500

Retournement (3 fois)

h/j

9

1 500

13 500

Arrosage (3 fois)

h/j

3

1 500

4 500

Transport

h/j

3

1 500

                        4 500

Sous-total 2

            45 000 

Coût Total 

109 040

Source : Calculs effectués sur la base du Bordereau des prix unitaires des principaux investissements réalisés par les projets FIDA au Niger, du Répertoire des prix de référence du ministère des Finances, de l’exploitation de la documentation et des informations collectées.

7. Durée de vie

La durée de fabrication du compost varie selon les conditions et le degré de décomposition souhaité. Si le compost n’est pas immédiatement utilisé, il peut être conservé jusqu’à 1 an. Une fois dans le sol, les effets positifs peuvent durer entre 2 à 5 ans.


Références bibliographiques

  • Rapport sur les ressources en sols du monde, 2000 : Quatorzième réunion du sous-comité ouest et centre africain de corrélation des sols pour la mise en valeur des terres, Abomey, Bénin, 9-13 octobre 2000, p268.
  • BARAGE Moussa, 2019 : Fiches techniques relatives aux principales mesures d’adaptation aux changements climatiques dans le contexte de la petite irrigation au Niger, 45p.
  • Coopération Régionale pour le Développement des Productions Maraichères en Afrique de l’Ouest s/c Représentation FAO-Dakar, 1994 : Fiche Technique Compost, 4p.
  • IER et JIRCAS, 2012 : Manuel sur la Technique de compostage, 24p.
  • ALUI Konan Alphonse*1, YAO Saraka Didier Martial*2, N’GUESSAN Kouamé Antoine 1, BLE Pkagni Antoine 2, KOUAME N’Dri Marie Thérèse 3, DIARRASSOUBA Nafan2, 2020 : Réussir le compostage en fosses dans un système intégré (culture/élevage) à l’environnement des parcs à karité au Nord de la Côte d’Ivoire, 9p.
  • Mélanie Blanchard, Août 2007 : Production de matière organique au Mali Sud. Techniques paysannes et vulgarisation, 50p.