Champ Ecole Agro-Pastoral (CEAP)

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Un champ école agropastoral est une école « sans murs », un cadre de rencontre et de formation pour un groupe de 20 à 32 producteurs, qui se déroule dans une exploitation (champ ou ferme). C’est un lieu d’échange d’expériences et de connaissances où des producteurs qui partagent les mêmes intérêts, recherchent, discutent et prennent des décisions sur la gestion de leurs exploitations en partant de sa situation réelle. La première activité est de procéder à une Analyse AgroEcoSystème (AAES) du terroir (photo de gauche et évaluer les résultats quantitatifs (pesée) pour le besoin de comparaison avec la parcelle témoin (photo de droite).

Séance de diagnostic paysan	Application micro-dose sur parcelle de sorgho (DGA, 2020)

1. Objectifs

• Renforcer les connaissances et les compétences des agropasteurs pour qu’ils deviennent experts techniques dans leurs propres systèmes de production ;
  
• Aiguiser leur capacité de prendre des décisions critiques et informées en vue d’augmenter la rentabilité et la durabilité de leurs exploitations ;
  
• Favoriser les échanges entre les producteurs, les agents de vulgarisation et les chercheurs, de façon à pouvoir travailler ensemble pour tester, évaluer et adapter une variété d’options dans le respect du contexte local.
  

2. Contexte/Conditions du milieu

Pour harmoniser les approches de Champ Ecole Paysan (CEP) de toutes les organisations et institutions œuvrant dans ce domaine, un guide national CEP intitulé « Guide Pratique du facilitateur des Champs Ecoles Paysans » centré sur la production végétale a été élaboré en 2014. 

La majorité des producteurs nigériens pratiquant des systèmes intégrés de production cultures/animaux/arbres, un nouveau « Guide du facilitateur » (Champ Ecole Agro-Pastoral (CEAP) a été élaboré en 2021, intégrant les aspects liés à la production animale et au changement climatique.

Le champ école valorise l’expertise du producteur et le met au centre de toutes les étapes de la formation : le diagnostic des problèmes, l’identification et l’expérimentation des meilleures solutions, l’évaluation et le partage des résultats obtenus, et les actions à entreprendre après la phase d’apprentissage.

Au cours du cycle d’apprentissage les producteurs valident de (nouvelles) options de production avec l’aide d’un facilitateur. La durée du cycle d’un champ école dépend de l’activité centrale. Le cycle couvre une saison pour les cultures (3 à 5 mois). En ce qui concerne les activités d’élevage, un cycle complet d’un an est habituellement nécessaire pour permettre d’étudier toutes les variations saisonnières. Dans le domaine agro-pastoral, le cycle d’apprentissage varie d’une année et demie à deux ans. Aussi, l’expérience passée des champs écoles a montré que les meilleurs résultats sont atteints si les apprenants se réunissent à raison d’une fois par semaine. Des intervalles plus longs ralentissent le processus d’apprentissage.

3. Etapes de mise en œuvre

Identification du site d’apprentissage du champ école agropastoral

❖  Les critères de sélection du site :

Le groupe champ école doit sélectionner un site où se tiendront les réunions. Il est également nécessaire d’identifier un champ ou des animaux pour la conduite des expérimentations. 

Les critères de sélection d’un site d’apprentissage sont :

• • • • • Le site doit être en rapport avec l’activité centrale pour une saison donnée ;
          
        • Il doit être un échantillon représentatif des problèmes dans la zone ;
          
        • Il doit avoir une position centrale et être accessible aux producteurs et facilitateurs ;
          
        • Il doit être sélectionné démocratiquement par les producteurs ;
          
        • La sécurité du site doit être assurée ;
          
        • Le lieu de réunion doit être assez spacieux pour accueillir un groupe de 20 à 32 producteurs offrant en même temps un endroit où on peut s’abriter en cas de mauvais temps.
          

❖  Cycle d’un champ école agropastoral :

Le cycle d’apprentissage d’un champ école agropastoral couvre une période de 18 mois. Sa durée est définie en tenant compte essentiellement de deux besoins : (i) pouvoir tester certaines solutions à différentes saisons ; (ii) disposer de suffisamment de temps pour travailler sur différents problèmes liés aux changements climatiques et qui menacent les activités des agropasteurs.

La fin d’un cycle d’apprentissage est marquée par l’élaboration d’un plan d’action communautaire, mais elle ne signifie pas la fin du CEAP. Le CEAP est encouragé à démarrer un nouveau cycle d’apprentissage en identifiant de nouveaux problèmes à résoudre ou de nouveaux besoins à satisfaire.

Séance de formation des apprenants (IARBIC, 2013)

❖  Caractéristiques clés d’un CEAP :

Le cadre de travail de tous les CEAP est basé sur cinq activités centrales intégrées dans chaque session de formation sous la supervision d’un facilitateur formé. Ces activités sont:

• • • • • • Analyse de l’Agro-EcoSystème (AAES) ou l’Analyse de l’EcoSystème Pastoral (AESP)
            
          • Expérimentation comparative sur le terrain
            
          • Question du jour (Sujet spécial)
            
          • Suivi évaluation participative (SEP)
            
          • Exercices structurés en dynamique de groupe

La pierre angulaire de la méthodologie des champs écoles est l’analyse de l’agroécosystème (AAES) ou l’Analyse de l’Eco Système Pastoral (AESP). Couramment, l’AAES est employée pour les cultures et l’AESP pour le cas des animaux, mais l’on peut utiliser simplement AAES aussi bien pour les cultures que les animaux. Il s’agit d’une analyse sur le terrain des interactions observées entre les cultures/le bétail et d’autres facteurs biotiques et abiotiques coexistant dans le domaine des cultures/bétail (par ex. entre croissance plantes/animaux et ravageurs, adventices, eau, sols et conditions climatiques).

L'AAES est une pratique régulière et exhaustive de suivi et évaluation utilisée dans les champs écoles, et par laquelle une évaluation systématique des parcelles ou animaux d’expérimentation est effectuée. Ainsi, l'AAES implique l’application de pratiques essentielles d'autonomisation pour les agriculteurs comme : l'observation systématique, l'apprentissage par la découverte, l'analyse critique, et la confiance en soi à travers les présentations et les discussions. 

Le guide aborde de façon détaillée, la conduite de chacune de ces activités.
La conduite d’un champ école agropastoral comporte huit étapes regroupées en trois phases, dont l’organisation et la gestion sont abordées de façon détaillée dans le guide : Phase préparatoire, Phase de fonctionnement, Phase post-formation.

❖  Phase préparatoire  :

1. 1. 1. 1. Travail de base avec la communauté bénéficiaire    
         2. Mise en place du CEAP

❖  Phase de fonctionnement  :

3. Animation des sessions CEAP
4. Organisation de visites commentées
5. Organisation de visites d’échange d’expérience
6. Organisation des évaluations finales
7. Organisation de la cérémonie de clôture

❖  Phase post-formation :

8.    Suivi et accompagnement des membres du CEAP

❖  Les tendances actuelles 

Elles sont caractérisées par les approches d’intégration Club d’écoute - Champ Ecole- Association Villageoise d’Epargne et de Crédit (AVEC) et la prise en compte des aspects liés au changement climatique à travers la démarche de l’Agriculture Intelligente face au Climat (AIC).
La figure suivante résume l’alliance méthodologique entre les trois approches pour créer des caisses de résilience :

Caisse de résilience à partir de l’alliance Club d’écoute - Champ école – AVEC 

La prise en compte du changement climatique se fait à travers les trois piliers de l’agriculture intelligente face au climat que sont :

• • • • • L’accroissement de la productivité et des revenus agricoles de manière durable ;
          
        • L’adaptation et le renforcement de la résilience au changement climatique ;
          
        • L’élimination et/ou réduction autant que possible des gaz à effet de serre (atténuation).

4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

L’approche champ école étant centrée sur les besoins réels exprimés par les producteurs, ceux-ci doivent être pleinement associés dans le processus de planification des activités d’apprentissage. Le travail de base avec la communauté bénéficiaire doit être réalisé au moins un mois avant la mise en place proprement dite du champ école.
Le fonctionnement efficient d’un CEAP suppose des moyens financiers afin de couvrir, dans la durée, certaines charges telles que le coût de déplacement de l’animateur ou de l’animatrice, du matériel de formation ou de l’approvisionnement en intrants agricoles (semences, engrais, produits phytosanitaires, petit matériel agricole), etc. Le CEAP peut notamment générer des ressources financières grâce à ses productions et/ou en maintenant d’autres activités génératrices de revenus (AGR) (les champs collectifs de semence améliorées). Dans ce cadre, un compte d’exploitation facilitera la maîtrise de la gestion économique d’une campagne agricole d’un CEAP.
La pérennisation d’un CEAP sera également renforcée s’il est intégré au dispositif de vulgarisation d’une Organisation de Producteurs (OP), venant compléter d’autres infrastructures villageoises existantes (boutiques d’intrants, banques de semences, banques céréalières, ou banques de soudure, Clubs d’écoute, Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit).

5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Approche participative et inclusive de création des innovations -        Suscitation de l’intérêt pour les champs écoles au sein de la communauté et des communautés voisines et émergence de l’auto-encadrement -        Partage des leçons apprises au cours du champ école -        Augmentation de la productivité et de la production -        Développement d’une approche intégrée de l’exploitation -        Développement d’activité génératrice de revenu rentrant dans le cadre de la lutte contre la pauvreté rurale -        Développement d’une dynamique de groupe qui crée un engouement dans l’apprentissage en matière d’alphabétisation car tous les enregistrements des activités sont confiés aux lettrés

-        Exigence de conduite des activités sur deux cycles de production pour prétendre à une attestation indiquant que l’apprenant maitrise les techniques à diffuser -        Absentéisme des membres du groupe

6. Coûts de la technique

Coûts moyens d’installation pour un cycle de CEAP Agricole (Mil) et Pastoral 

Rubriques	Montant (FCFA)
	CEAP Agricole	CEAP Pastoral
Facilitation	275 000	320 000
Intrants	36 350	31 000
Matériels	261 250	107 000
Organisation des évènements	PM	200 000
Frais de suivi	PM	PM
Total investissement	572 600	658 000

Source : Rapports de formation des Maîtres-formateurs CEAP, 2019 (Les budgets détaillés sont présentés en annexes)
NB : le coût moyen d’un CEAP varie de 570 000 à 750 000 francs CFA, abstraction faite des charges liées au suivi des différents niveaux (communal, départemental, régional et national).

CEAP Agricole

Désignation	Unité	Quantité	Coût unitaire	Montant
Facilitation
Facilitateur	mois	5	35 000	175 000
Personne ressource	H/J	5	20 000	100 000
Sous-total formation-facilitation				275 000
Intrants
Semences : Prévoir 500 g par parcelle soit 1500 g au total d’une même variété	kg	1,5	1 500	2 250
Engrais : 3 kg/ parcelle de NPK ;	kg	3	300	900
Fongicide :	sachet	1	200	200
Pesticide : 1 L	litre	1	8 000	8 000
Compost : 125 Kg (5T/Ha) par parcelle soit 250 Kg pour les 2 parcelles	kg	250	100	25 000
Sous-total intrants				36 350
Petit matériel
Balance	unité	1	10 000	10 000
Mètre ruban  (50m)	unité	1	5 000	5 000
Plaques	unité	3	2 000	6 000
Panneau de visibilité	unité	1	50 000	50 000
Rayonneur	unité	1	20 000	20 000
Mètre tailleur	unité	4	1 000	4 000
Tableau chevalier	unité	1	20 000	20 000
Padex	unité	6	5 000	30 000
Marqueurs	boite	6	2 000	12 000
Cahiers	unité	35	200	7 000
Stylos	unité	35	100	3 500
Crayon	unité	35	50	1 750
Gomme	unité	35	100	3 500
Calculatrices	unité	2	1 500	3 000
Règle (30cm)	unité	35	100	3 500
Scotch	unité	5	500	2 500
Ruban adhésif	unité	5	500	2 500
Corde de 100 m	unité	100	100	10 000
Boite de peinture	unité	3	5 000	15 000
Pulvérisateur	unité	1	16 000	16 000
Masque	unité	2	2 000	4 000
Combinaison	unité	2	16 000	32 000
Total 1 campagne				261 250
Total  cycle complet				572 600

Budgets indicatifs CEAP Pastoral

RUBRIQUES	Unité	Quantité	Coût unitaire	Montant total
1 Diagnostic de base pour l'élaboration du programme de formation dans les champs écoles agropasteurs (CEAP)
Indemnité de transport	Mois	1	10 000	10 000
Prise en charge facilitateurs	H/mois	1	25 000	25 000
Total 1 diagnostic				35 000
2 kits intrants
Vaccin	Dose	30	50	1500
Seringue	U	15	100	1500
Gants	Paires	5	1000	5000
Anti-stress	CP	30	100	3000
Anti-parasitaires	Sachet	30	500	15000
Peson	U	1	5 000	5000
Total 2 kits Intrants				31 000
3 Kits materiels
Cahiers	U	32	500	16 000
Stylos	U	32	100	3 200
Crayon	U	32	50	1 600
Gomme	U	32	50	1 600
Taille crayon	U	32	50	1 600
Padex	Rouleau	2	5 000	10 000
Manifold	U	1	3 000	3 000
Plaque d'identification	U	1	25 000	25 000
Tableau chevalet	U	1	15 000	15 000
Marqueurs	Paquets	2	5 000	10 000
Pagi-volt	U	1	20 000	20 000
Total 3 Kits matériels				107 000
4 Animation des CEP
Indemnité de transport par mois pendant 6 mois	Mois	6	10 000	60 000
Frais d'animation (25000 F/mois/CEP pendant 6 mois)	H/mois	6	25 000	150 000
Frais prestation personne ressource	H/mois	3	25 000	75 000
Total 4 Animation				285 000
5 Organisation des évènements
Visite d'échanges	Visite	1	100 000	100 000
Organisation journée champêtre	JPO	1	100 000	100 000
Total 5				200 000
6 Frais de suivi				PM
Total général				658 000

7. Durée de vie

La durée du cycle d’un champ école dépend de l’activité centrale, mais en général, le cycle d’apprentissage d’un champ école agropastoral couvre une période de 18 mois à 2 années. Sa durée est définie en tenant compte essentiellement de deux besoins : (i) pouvoir tester certaines solutions à différentes saisons ; (ii) disposer de suffisamment de temps pour travailler sur différents problèmes liés aux changements climatiques et qui menacent les activités des agropasteurs.

Références bibliographiques

• MAG, 2014 : Guide national de CEP, 138p.
  
• MAG/EL, 2021 : Guide Pratique du Facilitateur CEAP du Niger, 107p.
  
• FAO-Rép Niger, 2012 : Fiche d’information CEP, 4p.
  
• AVSF-Fonds français pour l’environnement mondial, Durabilité et résilience de l’agriculture dans les savanes, 2015 : Guide méthodologique des champs écoles de la région des savanes au Togo, 60p.