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  Culture de l’oignon (Allium cepa)

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L’oignon Allium cepa est un légume bulbe cultivé partout au Niger pendant les trois saisons : saison sèche fraiche, saison sèche chaude et saison pluvieuse. La production principale se situe pendant la saison sèche fraiche, mais grâce à la production hâtive à partir de bulbilles et à la conservation de la production tardive, il est possible d’approvisionner les marchés en oignons pendant presque toute l’année.
Bulbes d’oignon violet de Galmi (DGA, 2018).png Oignon en floraison (RECA, 2017).jpg
Bulbes d’oignon violet de Galmi (DGA, 2018)  Oignon en floraison (RECA, 2017)

1. Objectifs

Les objectifs de la culture sont :

  • Diversifier la production
  • Améliorer la qualité nutritionnelle des ménages
  • Améliorer les revenus des producteurs


2. Contexte/Conditions du milieu

L’oignon est une culture de la saison fraîche et sèche. Il préfère les sols pas trop lourds, ni gorgés d’eau, assez riches en éléments fertilisants et en matières organiques bien décomposées. L’oignon vit bien dans tous les sols sablo-argileux, sablo-limoneux, mais il ne supporte ni la salinité du sol, ni celle de l’eau d’irrigation. Il faut noter que l’oignon est exigeant en soufre. Les pH les plus favorables sont situés entre 5,5 et 7,5. Cependant, il faut éviter les pH inférieurs à 6,5 pour les sols lourds et à 5,8 pour les sols légers.

Le sol doit être finement préparé en surface, avec un bon drainage.t 
Les hautes températures supérieures à 35 et 40°C raccourcissement le cycle de culture et hâtent la bulbification, et la faible luminosité la limite. 
La forte humidité favorise le développement des maladies et des pourritures.


3. Etapes de mise en œuvre

❖  Choix des variétés :

Les variétés sont choisies selon des critères particuliers, notamment les aptitudes culinaires et organo-leptiques, les possibilités de transformation, l’aptitude à la conservation ainsi que la résistance aux ennemis et aux maladies.
Pour les zones tropicales, l’importation des semences doit se faire avec prudence car les variétés des climats tempérés de jours longs (15-16 heures) produisent difficilement ou pas du tout des bulbes dans les conditions de jours courts de la zone intertropicale.

Trois variétés de haute qualité, très productives et à bonne aptitude à la conservation ont été développées à partir des écotypes locaux, et largement vulgarisées dans les principales zones de production. Il s’agit du Violet de Galmi (qui est la principale variété cultivée), du Blanc de Galmi et du Blanc de Soumarana. Aujourd’hui, les variétés qui sont le plus cultivées sont le Violet de Galmi, Safari, Damani, Prema 78 et Ares, une variété d’hivernage.

 

Variété

Cycle

(jours après repiquage)

Rendement

(t/ha)

Mois de l’année

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Violet de Galmi

160

50-55

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Blanc de Galmi

160-170

40

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Blanc de Soumarana

170

30

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Période favorable à la culture :                          
Période défavorable à la culture :                      


❖  Choix du terrain
:

choisir de préférence les sols légers ressuyant bien, riches en matières organiques bien décomposées et qui retiennent bien l’humidité. 

❖  Préparation du sol :

le sol doit être finement préparé en surface (labour, émottage, confection des planches et du réseau d’irrigation), avec un bon drainage. 
Pour la fumure de fond, incorporer par bêchage 10 à 30 kg de matières organiques bien décomposées et 100 à 250 g d’engrais minéral (15- 15 -15) par planche de 10 m².

❖  Semis :

La date de semis s’étend d’Octobre à Décembre pour l’oignon de saison sèche, de juin à juillet pour l’oignon d’hivernage. Il se fait en pépinière, et de préférence en utilisant les graines de l’année. 

❖  Pépinière : 

Pour l’oignon de saison sèche, il faut 3g de graines d’oignons de couleur pour 1m2 de pépinière et 5g de graines d’oignons blancs, et la surface de pépinière pour planter 1Ha est de 1000 m2 approximativement. La durée en pépinière est de 45 à 55 jours. Pour l’oignon d’hivernage, il faut 10g/m2 de pépinière (4-5 kg de semences pour 1 ha), et la durée de la pépinière est de 40 à 45 jours.

Les semis s’effectueront en lignes distantes de 10 cm, sur des planches en creux dont la terre sera finement préparée. En hivernage, les planches sont surélevées et protégées contre les pluies battantes. Lorsque les graines sont enfouies à 1cm, damer le sol. 
Arroser à l’arrosoir muni de sa pomme jusqu’à ce que les jeunes plants atteignent 2 à 3 cm de haut.

Pépinière d’oignon à Guidan Idder (DGA, 2006).jpgPépinière d’oignon à Guidan Idder (DGA, 2006)

NB : Il est possible de produire des oignons à partir d’un semis ou par des bulbes. Les techniques après le repiquage sont les mêmes pour les deux types de culture.

❖  Repiquage  :

Pour l’oignon de saison sèche, la période de repiquage est de Décembre à Mars pour le repiquage du semis en pépinière, et d’Octobre à Novembre pour la plantation des bulbilles. Pour l’oignon d’hivernage, la période de repiquage est juillet-août. 

Repiquer les jeunes plants sains et robustes de 15-20 cm de haut. Les plants arrachés après une irrigation doivent être habillés (couper les extrémités des racines) ; et la plantation sera effectuée au plantoir sur terre irriguée mais ressuyée, le soir à la fraîcheur.

Les jeunes plants ne doivent pas être repiqués trop profondément, et on prendra bien soin de les talonner (bien tasser la terre). Le collet doit être légèrement au-dessus du niveau du sol.

Repiquage de plants d’oignon après mise en eau des parcelles (SOTRACO, 2021).png
Repiquage de plants d’oignon après mise en eau des parcelles (SOTRACO, 2021)

❖  Ecartements  :

Pour l’oignon de saison sèche, les plants sont repiqués à un écartement de 15 à 20 cm entre les lignes et espacés de 10 à 15cm sur la ligne, pour une densité de 444.000 à 500.000 plants/ha. Pour l’oignon d’hivernage, les plants sont repiqués aux écartements de 15 cm x 10 cm (15 cm entre les lignes et 10 cm entre les plants sur la ligne, soit une densité de 666 000 plants/ha).

❖  Entretien   :

Les principales activités culturales à prévoir sont entre autres : le contrôle des adventices, l’irrigation et la fumure d’entretien.

          • Fumure d’entretien : 
            Pour l’oignon de saison sèche :
            -    75 kg de NPK (15-15-15) à la volée, 2 semaines après le repiquage. ; 
            -    25kg d’urée + 25 kg de NPK (15-15-15) à la volée, 40 à 45 jours après le repiquage ; 
            -    50 kg d’urée en début de bulbaison.
            Pour l’oignon d’hivernage : apport de 30 g d’engrais minéral NPK (15-15-15) /3m2, soit 10 kg pour 1000 m2, 40 jours après le repiquage et 02 semaines plus           tard.
          • Sarclo-binage : il doit être régulier pour aérer le sol et réduire la compétition avec les mauvaises herbes. 
          • Irrigation : se fait selon les besoins de la plante. Le rationnement en eau permet d’obtenir des bulbes de meilleure conservation.
            - Du repiquage au 75ème jour, une irrigation par semaine d’environ 32 mm (soit 320 m3/ha, phase de reprise et bulbaison) ;
            - Du 75ème au 115ème jour (phase de floraison), il faut environ 30 mm (soit 300 m3/ha, tous les cinq jours) ;
            -  Période de maturité : 25mm/semaine (soit 250 m3/ha)
            -  Arrêter l’irrigation, si 75% des plants non fleuris sont couchés, environ une semaine avant la récolte.
❖  Occupation du terrain

90 à 100 jours (120jours en hivernage).

❖  Principaux ennemis et maladies-Méthodes de lutte 

L’oignon est une culture qui fait l’objet d’une pression parasitaire soutenue de la pépinière au stockage, d’où la nécessité d’une intervention dès l’apparition des ravageurs.

Les principaux ravageurs de la culture :

            • Les Thrips (Thrips tabaci) : petits insectes bruns ailés ou des larves plus petites, jaunâtres sans ailes de 1 à 3 mm qui provoquent des lésions argentées surtout à la face interne des feuilles.
            • Les Chenilles (Spodoptera spp.) : Elles sont d’abord vert clair puis deviennent gris brun, parcourues de lignes jaunes latérales et dorsales selon les cas. 

Méthodes de lutte :

En préventif ou en début d’attaque une utilisation de biopesticide est recommandée (poudre de neem ou mélange de feuilles de neem, de piment et tabac). Pour tout traitement chimique, utiliser des produits homologués. Les producteurs ont intérêt à se concerter pour faire des traitements ensemble, avec les mêmes produits, et alterner les matières actives.

Les maladies les plus rencontrées au Niger sont :

            • La Fusariose (Fusarium sp) : C’est la maladie la plus fréquente au Niger. Elle débute par un jaunissement progressif des feuilles commençant par le sommet, ensuite un brunissement des tissus du plateau et des racines, et la pourriture basale du bulbe. Maladie transmissible par les semences, les plants achetés provenant d’une pépinière mal conduite, et des matières organiques non compostées à chaud.
            • L’alternariose : Maladie des feuilles surtout dans les parcelles humides. Elle se traduit par un dessèchement des extrémités des feuilles et surtout des taches ovales sur celles-ci. Ce champignon peut se conserver dans le sol, sur les débris végétaux et à la surface des graines.
            • La Maladie des racines roses (Pyrenochaeta terrestris) : Les feuilles jaunissent, les plants ne grossissent plus, elle provoque une coloration rose des racines. C’est une maladie de plus en plus fréquente au Niger, souvent associée avec la fusariose. Très sévère par temps chaud, elle occasionne des pertes de rendement très importantes (40 à 100 %), 

Méthodes communes de lutte :

Utilisation des semences saines (certifiées ou traitées avec un fongicide), pépinière sur une parcelle non cultivée en maraichage ou désinfection (solarisation), rotation des cultures, utilisation d’une fumure organique bien décomposée à chaud, irrigation soignée pour éviter des « stress » à la plante, désherbage soigné pour une parcelle propre, destruction des résidus de récolte.
Une grande prudence est requise au moment de l’achat des plants : il faut bien connaitre le pépiniériste et vérifier s’il a de bonnes pratiques.

Méthodes de lutte spécifiques :

            • Alternariose : Apport de matière organique et d’une fumure minérale, arrosage après 9 heures le matin (au moment où le soleil est présent), binages répétés, observations régulières sur la parcelle. En cas d’attaque, traiter avec un fongicide de préférence à base de cuivre.
            • Maladie des racines roses : avancer la date de repiquage pour éviter la période chaude.
            • Maladie des racines roses et fusariose : pas de lutte chimique possible en cas d’attaques.
              Pour le choix des fongicides ou des insecticides, consulter les services compétents ou appeler le Centre d’Appels pour un conseil agricole : 92 24 24 24 / 89 97 97 74 / 84 74 74 74 / 93 32 38 92.
❖  Récolte et conservation 

Le cycle végétatif de l’oignon varie de 100 à 150 jours suivant les variétés. Le stade optimal de récolte est atteint quand le feuillage est aux 2/3 secs accompagnés d’un ramollissement du collet. Ce qui correspond à l’arrêt de croissance, et les racines, plus ou moins sèches, ne retiennent plus le bulbe au sol. 

On procède d’abord à une coupe des feuilles à l’aide d’une faucille ou d’un couteau, puis au séchage et au ramassage des bulbes, la récolte devant être effectuée sur sol sec et les bulbes protégés du soleil.

Récolte des bulbes d’oignon (DGA, 2016).jpg
Récolte des bulbes d’oignon (DGA, 2016)

Les rendements varient de 30 à 70T/Ha suivant les variétés et les conditions culturales. 

Les oignons sont conservés en couches ou en vrac dans des locaux aérés, en faisant des contrôles réguliers pour éviter les contaminations par contact. 
La durée de conservation est de 4 mois pour les variétés américaines et de 8 mois pour les écotypes locaux. En conservation artisanale sous abri en banco, la durée peut aller jusqu’à 6 mois avec des pourcentages de pertes en nombre inférieurs à 30%.

Conservation des bulbes dans le Rudu (à gauche DGA, 2016 et à droite RECA, 2020).png
Conservation des bulbes dans le Rudu (à gauche DGA, 2016 et à droite RECA, 2020)

4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

-    Organisation et formation des producteurs en techniques de production et de conservation
-    Fourniture d’intrants et d’emballages avec un bon rapport qualité/prix
-    Promotion de la transformation
-    Facilitation du lien avec le marché
-    Ecoulement de la production.

Exploitations de production de semences d’oignon dans la région de Tahoua.png
Exploitations de production de semences d’oignon dans la région de Tahoua (Photo : Dr Sani M.)


5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Existence d’une demande urbaine forte

-        Procure beaucoup de bénéfice

-        Disponibilité des variétés améliorées

-        Adaptée aux conditions climatiques

-        Avantages comparatifs pour l’exportation

-        Accès limité au financement

-        Importantes pertes post récolte

-        Faible organisation du système de collecte et du circuit de commercialisation

-        Faible organisation des producteurs

-        Insuffisance des infrastructures de stockage et de conservation et des emballages


6. Coûts de la technique

Coûts de production d’un hectare de culture d’oignon

Rubriques

Unité

Quantité

Prix unitaire (FCFA)

Montant (FCFA)

Préparation du terrain

ha

1

12 000

12 000

Sarclage

ha

1

20 000

20 000

Semences d’oignon

kg

5

20 000

100 000

Engrais minéraux

kg

500

500

250 000

Matière organique (1 tonne de matière organique pour 3 charrettes)

charette

30

2 000

60 000

Main d’œuvre

h/j

420

1 200

504 000

Produits phytosanitaires

Litre

3

10 000

30 000

Carburant/huile (irrigation)

Litre

320

540

172 800

Total

 

 

 

1 148 000

Source : Extrapolation à partir de la Fiche technico-économique pour la culture de l’oignon feuilles élaborée par la Chambre Régionale d’Agriculture (CRA Zinder, 2017) et des informations tirées d’un compte d’exploitation d’un producteur de Niamey.


7. Durée de vie

Le cycle végétatif de l’oignon varie entre 100 et 170 jours.


Références bibliographiques

  • FCMN-NIYA-Projet de Sécurisation de l’Elevage et de l’Agriculture péri-Urbains de Niamey (PSEAU), 2005 : Etude sur la production de Tomate en milieu péri-urbain, 2p. 
  • ICRISAT (JPA) : Manuel Jardin Potager Africain pdf, 55p.
  • CRA Zinder, 2017 : Fiche technico-économique pour la culture de l’oignon feuilles, 4p.
  • Ministère de l’Agriculture/PRODEX, 2012 : Guide de bonnes pratiques de production, stockage et conservation de l’oignon. Référentiel, pdf. 14p.
  • CRA Tahoua, 2022 : Fiche technico-économique pour la culture de l’oignon d’hivernage, 6p.