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  Production des semences certifiées R1 et R2 de niébé (Vigna unguiculata (L.) Walp)

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Le niébé (Vigna unguiculata) est une légumineuse dont la culture est en plein essor au Niger. Elle représente le quart de la production agricole nationale et 80% des productions de rente (MAG, 2012). C’est aussi une culture d’importance alimentaire par sa teneur en protéines 3 à 4 fois plus élevée que celle du mil ou du sorgho. C’est donc une culture à promouvoir en raison de son importance économique et sociale. La production et la vulgarisation de semences améliorées de niébé est donc une réponse aux préoccupations des producteurs pour leur permettre d’améliorer leur production et d’augmenter leurs revenus.

Semences améliorées de niébé (DGA, 2007).png

Semences améliorées de niébé (DGA, 2007)

1. Objectifs

Les principaux objectifs de la production des semences sont :

  • Rendre disponibles les semences de niébé de qualité
  • Améliorer les rendements et la production agricoles
  • Augmenter les revenus des producteurs.


2. Contexte/Conditions du milieu

Le niébé est généralement cultivé sur des sols légers sablo limoneux et sablo-argileux bien drainés et bien aérés. Il tolère un faible niveau de fertilité des sols et des températures élevées. 
L’optimum pluviométrique est compris entre 350 et 800 mm.


3. Etapes de mise en œuvre

❖  Certification des semences  :

La certification des semences est adossée à une déclaration des cultures à multiplier, et elle comprend généralement trois étapes :
-    La demande d’admission et de déclaration des cultures
-    Le contrôle au champ pendant la phase de plantation, de floraison et avant récolte (Inspection)
-    Le contrôle au laboratoire (différentes analyses).

❖  Choix des variétés   :

Choisir une variété adaptée à la zone agro-écologique en tenant compte des conditions climatiques, et des contraintes biotiques et abiotiques. Quelques variétés de niébé vulgarisées selon les zones climatiques :

Variétés

Cycle (jours)

Rendement

Type de port

Zones de culture

IT 90 K-372-1-2

70-75

1,5 à 2 t/ha

Semi érigé

300–600 mm

KVX 30-309-6G

70-75

1 à 1,6 t/ha

Semi rampant

300–800 mm

TN5-78

85

1,5 à 2 t/ha

Semi rampant

300–800 mm

IT 89 KD-374-57

70

1 à 1,7 t/ha

Semi érigé

300–600 mm

IT 90 K-372-1-2

70

1,2 à 1,7 t/ha

Semi érigé

300–600 mm

IT 97 K-499-35

65

1 à 1,6 t/ha

Semi érigé

300–600 mm

IT 97 K-499-38

60

1 à 1,7 t/ha

Semi érigé

300–600 mm

IT 98 K-205-8

55

1 à 1,4 t/ha

Semi érigé

300–600 mm

IT 99 K-573-1-1

70

1 t/ha

Semi rampant

300–600 mm

IT 96 D-610

55

1,5 t/ha

Semi érigé

300–600 mm

❖  Choix du terrain  :

Le terrain doit permettre de respecter les normes d’isolement, c’est-à-dire à 10 m d’une autre variété de niébé ou de la même variété non épurée. Le terrain ne doit pas avoir porté une autre variété de niébé. Choisir de préférence les sols sableux-limoneux et sablo-argileux bien drainés.

❖  Préparation du sol :

Défricher le site, en recommandation, apporter 1 à 5 tonnes de fumier et 100 kg de NPK (15-15-15) à l’hectare en tenant compte du niveau de fertilité du sol, labourer et herser le champ pour un bon développement des racines.

❖  Semis :

Traiter la semence avec un fongicide insecticide puis semer trois graines par poquet, à la dose de 20 à 25 kg/ha. Il est recommandé de ne pas semer très tôt les variétés précoces pour éviter qu’elles ne murissent en période de pluies.  
La densité de semis sera choisie en fonction du type de port de la plante : a) variété à port érigé, 0,70 m x 0,30 m ; b) variété semi-rampante : 0,80 m x 0,40 m ; variété rampante : 1 m x 0,50 m.

❖  Entretien

Trois à quatre désherbages sont nécessaires pour réduire la compétition avec les adventices. Le champ sera surveillé avec des visites hebdomadaires pour l’observation des plants et la détection précoce des infestations. Trois à quatre traitements seront nécessaires à partir du stade début floraison pour réduire l’incidence des thrips, de Maruca vitrata Geyer et des punaises. Arracher et détruire les plants malades et les touffes de Striga.

❖  Le contrôle au champ (Epuration) : 

Il permet l’élimination des plantes hors types, des plantes malades ou de toutes autres plantes qui pourraient altérer la qualité des semences.

❖  Nombre et époque des contrôles au champ :

Deux au moins :
    -    Premier avant la floraison ;
    -    Deuxième pendant la période de floraison-fructification.

❖  Protection phytosanitaire 
      • Principales maladies du niébé : la fonte de semis, l’anthracnose, la pourriture des racines et du collet, la cercosporiose.
      • Principaux ravageurs du niébé : les pucerons (Aphis craccivora), les thrips (Megalurothrips sjostedi), les meloïdes (Mylabris spp), la foreuse des gousses (Maruca testulalis), les punaises suceuses des gousses (Anoplocnemis curvipes).
        On note aussi le Striga gesnerioides comme plante parasite.
      • Lutte contre les ravageurs en plein champ :
           -  Premier traitement insecticide à l’initiation des boutons floraux.
           -  2ème traitement : 10 jours après le premier en pleine floraison et formation des gousses.
           -  3ème traitement : 10 jours après le 2ème, à la demande. 
           -  Arracher et brûler les plants de striga.

❖  Récolte et conservation

Récolter le niébé lorsque les gousses sont complètement mûres et sèches. 

Récolte de Niébé (Région de Zinder, 2019)Récolte de Niébé (Région de Zinder, 2019)

Séchage/Battage :
Séchage sur une aire couverte, propre et traitée avec une poudre insecticide, avec tri des épis avant battage.
Battage manuel avec bâton sur bâche ou pilon dans un mortier, ou mécanique avec batteuse.

Criblage/calibrage :
Criblage : passage au tamis pour retenir les éléments indésirables ou recherchés. 
Calibrage : classement en fonction d’une dimension choisie.

Conditionnement/stockage   :
Conditionnement : se fait dans des sacs neufs en conditionnements de 10kg, 20 kg ou 50kg ; et marquage des emballages.  
Stockage : se fait dans un magasin aéré, propre, et régulièrement traité, par entreposage des sacs sur palettes, en évitant de toucher les murs et le plafond, et en laissant des allées pour le contrôle du stock.
Eviter les températures et humidités excessives : pour une température des semences de 32°C, les durées de stockage sont les suivantes en fonction des taux d’humidité :
Taux d’humidité de la graine              Durée de stockage possible
              11%-13%                                                  6 mois
              10% - 12%                                                   1an
                9% -11%                                                   2 ans  
                8% -10%                                                  4 ans

❖  Le contrôle au laboratoire

La qualité des semences est déterminée grâce au contrôle au laboratoire qui permet par des analyses, de déterminer : la pureté spécifique, la pureté variétale, l’état sanitaire, la teneur en eau et la faculté germinative.

Normes d’analyse pour la production des semences certifiées de niébé

Types d’analyses

Normes d’analyses au laboratoire

Certifiées R1

Certifiées R2

Pureté variétale minimum (%)

99,7

99,0

Pureté spécifique minimum (%)

98

98

Maximum de matières inertes (%)

2

2

Maximum de graines autres espèces cultivées (%)

0,5

0,5

Maximum de graines de mauvaises herbes (%)

0,1

0,1

Faculté germinative minimum (%)

75

75

Bruches (Callosobruchus maculatus) (max%)

0,5

0,5

Taux d’humidité maximum (%)

9

9

Bactérioses et viroses

0

4/1000

Annexes de l’Arrêté n°124/MAG/DGA portant adoption des Règlements techniques relatifs aux règles régissant le contrôle de la qualité et la certification des semences des espèces végétales et des plants au Niger.


4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

Pour asseoir un système de production de semences viable et garantir sa pérennisation, il est nécessaire de : 

  • Respecter le schéma de production de semences qui définit le rôle des différents acteurs ;
  • Assurer la fonctionnalité des différents organes et outils : Comité National des Semences (CNS), Service Officiel de Contrôle et de Certification de Semences (SOCCS), Catalogue National des Espèces et Variétés (CNEV), Fonds d’Appui au Secteur Semencier (FASS) ;
  • Former les producteurs sur les techniques de production et soutenir la commercialisation ;
  • Garantir la disponibilité des ressources humaines et des moyens logistiques et financiers.

5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Augmentation de la quantité des semences de qualité

-        Amélioration de l’accessibilité des semences aux producteurs

-        Augmentation du rendement

-        Augmentation des revenus des producteurs

-        Production de fourrage pour les animaux ;

-        Amélioration de la fertilité du sol ;

-        Exigence d’un niveau de technicité des producteurs

-        Insuffisance d’informations des acteurs sur les variétés

-        Faible structuration du circuit de distribution des semences

-        Saisons de pluies aléatoires ;

-        Pression parasitaire ;

-        Difficultés de conservation sur une longue période.


6. Coûts de la technique

Coût de production moyen de semences certifiées de niébé à l’hectare

DESIGNATION

Coût unitaire

(F CFA)

Quantité

Montant

(F CFA)

Préparation du terrain (défrichement, nettoyage, scarifiage/labour)

FF

-

12 000

Achat semence mère G4 (kg)

2 000

25

50 000

Achat d’engrais (NPK) (sac)

25 000

2

50 000

Achat de fumure organique (T)

6 000

5

30 000

Main d'œuvre défrichage

FF

-

3 000

Main d'œuvre épandage fumure de fond

FF

-

1500

Main d'œuvre pour le labour

FF

-

15 000

Main d'œuvre épandage fumure d’entretien/(sac)

2 500

2

5 000

Main d'œuvre pour semis au rayonneur

FF

-

10 000

Main d'œuvre pour le sarclo-binage

10 000

2

20 000

 

 

-

 

Main d’œuvre pour l’épuration

2 500

1

2 500

Main d’œuvre pour la récolte

FF

-

25 000

Main d’œuvre pour le battage (bottes)

FF

-

10 000

Criblage (coût/t)

10 000

1,5

15 000

Frais de déclaration (inspection) (coût/ha)

3 000

1

3 000

Contrôle au laboratoire (échantillon)

10 000

1

10 000

Total

 

 

262 000


7. Durée de vie

Il est généralement admis que dans les conditions idéales de stockage et de conservation, en partant de la semence de base (G4), on peut avoir deux (2) cycles de production de semences de qualité (R1 et R2), et procéder à un renouvellement tous les trois (3) ans.


Références bibliographiques

  • ICRISAT, 2017 : Manuel de production de semences (Comment devenir producteur de semences de qualité, 2ème édition), 38p
  • CEDEAO, 2008 : Règlement C/REG.4/05/2008 portant harmonisation des règles régissant le contrôle de qualité, la certification et la commercialisation des semences végétales et plants dans l'espace CEDEAO, 26p
  • CEDEAO, UEMOA, CILSS, 2007 : Avant-Projet Manuel pour la certification de semences et d’accréditation, 174p
  • MAG/EL, 2010 : Catalogue National des Espèces et Variétés Végétales (CNEV), 120p
  • Dugje, I.Y., Omoigui,L.O., Ekeleme, F., Kamara, A.Y., Ajeigbe, H.(IITA-Ibadan, Nigeria),  2009 : Production du niébé en Afrique de l’Ouest: Guide du paysan. 20 p.
  • Baoua, B.I., Pittendrigh, B., McClellan, M., Bravo, J., Saadou M., Karimou, L., 2012 : Farmer’s Field School, a process used for new cowpea technologies dissemination and enhancing farmer’s income.