Production des semences certifiées R1 et R2 de sorgho (Sorghum bicolor)
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Le sorgho (Sorghum bicolor) contribue fortement à la sécurité alimentaire au Niger où il constitue la 2ème culture au plan productif et la 3ème au plan des superficies emblavées (FAO, 2006). Avoir des semences de qualité est un gage pour une bonne production.
Champs de production de semences de Sorgho (Photo Annuaire National 2020 de disponibilité des semences au Niger) |
1. Objectifs
Les principaux objectifs de la production des semences sont :
- Rendre disponibles les semences de sorgho de qualité ;
- Améliorer les rendements et la production agricoles ;
- Augmenter les revenus des producteurs.
2. Contexte/Conditions du milieu
Le sorgho, selon la variété, peut être produit en terrain dunaire ou sur des terres de vallées argileuses ou limoneuses. C’est une culture exigeante au point de vue de la température car elle redoute le froid, et surtout le froid humide. La température minimale de germination est de 10 à 15 C, et l’optimum se situe aux environs de 30 C.
Le sorgho résiste aux températures élevées à condition qu’elles ne coïncident pas avec une extrême sécheresse.
Une fois son système radiculaire formé, le sorgho présente une grande résistance à la sécheresse surtout au tallage. En effet, la plante présente la capacité de limiter sa croissance en période de sécheresse et de la reprendre ensuite normalement. Avant l’épiaison, la plante est plus sensible au manque d’eau qui provoque souvent un retard dans le développement, et une diminution dans la production de grains. Par contre, pendant la maturation, les besoins en eau sont fortement diminués.
La consommation en eau d’une culture pluviale de sorgho est estimée à : 400 mm pour une variété de 90 jours ; 550 à 600 mm pour une variété de 110 -120 jours.
La grande majorité des variétés redoutent l’eau stagnante, et ne peuvent prospérer sur les sols renfermant plus de 20% d’argile, parce que ces sols ne sont pas suffisamment perméables. Mais certaines variétés de sorgho peuvent résister plus ou moins longtemps à l’inondation, notamment certaines variétés tardives de l’Afrique de l’Ouest.
Dans les régions sahéliennes, le sorgho se comporte bien dans les sols argileux de bas-fonds ou les terres alluviales.
Les sols les plus favorables sont ceux à consistance moyenne de type argilo-sableux, un peu humifère, et à réaction neutre ou légèrement acide.
3. Etapes de mise en œuvre
❖ Certification des semences :
La certification des semences est adossée à une déclaration des cultures à multiplier, et elle comprend généralement trois étapes :
- La demande d’admission et de déclaration des cultures
- Le contrôle au champ pendant la phase de plantation, de floraison et avant récolte (Inspection)
- Le contrôle au laboratoire (différentes analyses).
❖ Choix des variétés :
Choisir une variété inscrite au catalogue national des variétés et adaptée à la zone agro-écologique en tenant compte des conditions climatiques, et des contraintes biotiques et abiotiques.
Caractéristiques des variétés de sorgho cultivées au Niger
Caractères |
Variétés |
||
Mota Maradi |
IRAT 204 (IRAT 1960) |
SEPON 82 (ICRAT/INDE) |
|
Zone préférentielle de culture |
350 à 500 mm |
350 à 500 mm |
400 à 700 mm |
Cycle semis-maturité |
75-80 jours |
Précoce 70-80 j |
Intermédiaire 85-95 j |
Rendement grains (en T/ha) |
2 t/ha |
2 Tonnes en moyenne |
2,5-4 T/ha (station) 0,5-2,5 T/ha (milieu paysan) |
Rendement au décorticage |
- |
80% |
64% |
Tolérance à la sécheresse |
Tolérante |
-Tolérante |
- |
Exigence en fertilisants |
- |
-Exigeante en fertilisants |
-Exigeante en fertilisants |
Qualité fourragère |
Bonne qualité fourragère |
-Bonne qualité fourragère |
-Bonne qualité fourragère |
❖ Choix du terrain :
Le terrain doit permettre de respecter les normes d’isolement (200m d’une autre variété ou de la même variété non épurée). Les sols les mieux adaptés à la culture du sorgho sont des sols de type argilo-sableux ou alluvionnaires. La parcelle ne doit pas avoir porté la même culture l’année précédente, à moins que ce ne soit la même variété, et un niveau de production au moins égal à celui qui va être conduit.
❖ Préparation du terrain :
Nettoyage puis ameublissement du sol. Scarifiage croisé au canadien ou labour à la traction animale (cultivateur canadien) ou au pulvérisateur à disque. Au besoin, un hersage pour casser les mottes et niveler le terrain (peut être effectué manuellement).
Il est recommandé un apport de fumure organique (5t/ha) et de fumure minérale (STP : 50kg/ha ; SSP ou DAP ou 15-15-15 100kg/ha), en tenant compte du niveau de fertilité du sol.
❖ Semis :
Effectué après une pluie d’au moins 15 mm à partir du mois de juin, aux écartements de : 1m x 0,5m pour le sorgho dunaire ; et 0,80m x 0,30m pour le sorgho de vallée, dès que sol est bien mouillé en fin juin début juillet.
Il est effectué à la dose de 8 à 10 kg/ha, après traitement des semences avec un insecticide/fongicide, les re semis intervenant dix (10) jours après semis. On effectue un mélange semences plus engrais à raison de 2 pincées (des trois doigts) d’engrais NPK (15 15 15) /poquet au moment du semis et une pincée de semences de sorgho.
❖ Entretien
Le premier sarclo-binage est effectué 10 jours après semis, et le deuxième, 10 jours après le premier. Les autres le sont à la demande.
Le démariage intervient au moment du 1er sarclo-binage, à 3 plants/poquet, en même temps que le 1er apport d’urée (50 kg/ha). Le 2ème apport d’urée (50 kg/ha) est effectué à la montaison.
Le sorgho répond très bien aux apports de fumure organique soit le fumier ou le compost. Une dose de 10 tonnes/ha soit 1 kg/m2 est recommandé pour obtenir les meilleurs résultats.
❖ Le contrôle au champ (Epuration) :
Il permet l’élimination des plantes hors types, des plantes malades ou de toutes autres plantes qui pourraient altérer la qualité des semences.
❖ Nombre et époque des contrôles au champ :
Trois au moins :
- Premier avant épiaison ;
- Deuxième pendant la floraison ;
- Troisième avant la récolte.
❖ Protection phytosanitaire
-
-
-
- Principales maladies du sorgho : Ce sont principalement les charbons, notamment le charbon couvert (Sporisorium sorghi), le charbon nu (Spacelotheca cruenta), le charbon de la panicule (Sporisorium reiliana) et le charbon allongé (Tolyposporium ehrenbergui).
- Principaux ravageurs du sorgho : Les principaux ravageurs du sorgho sont la mineuse ou borer des tiges, Dysdercus, la cécidomyie du sorgho, la mouche du sorgho ; cette culture étant également parasitée par le Striga hermontica.
- Principales maladies du sorgho : Ce sont principalement les charbons, notamment le charbon couvert (Sporisorium sorghi), le charbon nu (Spacelotheca cruenta), le charbon de la panicule (Sporisorium reiliana) et le charbon allongé (Tolyposporium ehrenbergui).
-
-
Pour le choix des fongicides ou des insecticides, consulter les services compétents ou appeler le Centre d’Appels pour un conseil agricole : 92 24 24 24 / 89 97 97 74 / 84 74 74 74 / 93 32 38 92.
❖ Récolte et conservation
Récolte :
Récolter dès maturité complète pour préserver les panicules des oiseaux, des pluies tardives et de l’humidité.
Parcelle de sorgho sepon 82 (Issa Harouna, 2005)
Séchage/Battage :
Le séchage est fait sur une aire couverte, propre et traitée avec une poudre insecticide, et les épis sont triés avant battage en évitant le mélange des variétés.
Le battage peut être manuel (bâton/bâche, pilon/mortier) ou mécanique.
Criblage/calibrage :
Criblage : passage au tamis pour retenir les éléments indésirables ou recherchés.
Calibrage : classement de produits agricoles en fonction d’une dimension choisie.
Conditionnement/stockage :
Conditionnement : se fait dans des sacs neufs en conditionnements de 10kg, 20 kg ou 50kg ; et marquage des emballages.
Stockage : se fait dans un magasin aéré, propre, et régulièrement traité, par entreposage des sacs sur palettes, en évitant de toucher les murs et le plafond, et en laissant des allées pour le contrôle du stock.
Eviter les températures et humidités excessives : pour une température des semences de 32°C, les durées de stockage sont les suivantes en fonction des taux d’humidité :
Taux d’humidité de la graine Durée de stockage possible
11%-13% 6 mois
10% - 12% 1an
9% -11% 2 ans
8% -10% 4 ans
❖ Le contrôle au laboratoire
La qualité des semences est déterminée grâce au contrôle au laboratoire qui permet par des analyses, de déterminer : la pureté spécifique, la pureté variétale, l’état sanitaire, la teneur en eau et la faculté germinative.
Les normes d’analyse pour la production des semences de sorgho sont présentées dans le tableau suivant :
Types d’analyses (Sorgho) |
Normes d’analyses au laboratoire |
|
Certifiées R1 |
Certifiées R2 |
|
Pureté variétale minimum (%) |
99,7 |
99,0 |
Pureté spécifique minimum (%) |
98 |
98 |
Maximum de matières inertes (%) |
2 |
2 |
Maximum de graines autres espèces cultivées (%) |
0,1 |
0,1 |
Maximum de graines de mauvaises herbes (%) |
0,1 |
0,1 |
Faculté germinative minimum (%) |
80 |
80 |
Taux d’humidité maximum (%) |
12 |
12 |
Annexes de l’Arrêté n°124/MAG/DGA portant adoption des Règlements techniques relatifs aux règles régissant le contrôle de la qualité et la certification des semences des espèces végétales et des plants au Niger.
4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation
Pour asseoir un système de production de semences viable et garantir sa pérennisation, il est nécessaire de :
- Respecter le schéma de production de semences qui définit le rôle des différents acteurs ;
- Assurer la fonctionnalité des différents organes et outil : Comité National des Semences (CNS), Service Officiel de Contrôle et de Certification de Semences (SOCCS), Catalogue National des Espèces et Variétés (CNEV), Fonds d’Appui au Secteur Semencier (FASS) ;
- Former les producteurs sur les techniques de production ;
- Garantir la disponibilité des ressources humaines et des moyens logistiques et financiers
5. Avantages et inconvénients/contraintes
Avantages |
Inconvénients/contraintes |
- Augmentation de la quantité des semences de qualité - Amélioration de l’accessibilité et disponibilité des semences aux producteurs - Augmentation du rendement et de la valeur nutritionnelle - Augmentation de la sécurité alimentaire - Augmentation des revenus des producteurs |
- Faible capacité et faible niveau de technicité des producteurs - Insuffisance d’informations des acteurs sur les variétés - Faible structuration du circuit de distribution des semences |
6. Coûts de la technique
Coût moyen de production de semences certifiées de sorgho à l’hectare
DESIGNATION |
Coût unitaire (F CFA) |
QUANTITE |
MONTANT (F CFA) |
Préparation du terrain (défrichement, nettoyage, scarifiage/labour) |
FF |
- |
12 000 |
Achat semence mère G4 (Kg) |
2 000 |
20 |
40 000 |
Achat fumure phosphatée NPK (sac) |
25 000 |
1 |
25 000 |
Urée (sac) |
25 000 |
2 |
50 000 |
Achat de fumure organique (T) |
6 000 |
10 |
60 000 |
|
|
|
|
Main d'œuvre épandage fumure de fond |
FF |
- |
1 500 |
|
|
|
|
Main d'œuvre épandage fumure d'entretien/(sac) |
2 500 |
2 |
5 000 |
Main d'œuvre pour semis au rayonneur |
FF |
- |
10 000 |
Main d'œuvre pour le sarclo-binage |
10 000 |
2 |
20 000 |
Main d'œuvre pour le démariage |
FF |
- |
5 000 |
Main d'œuvre pour épuration |
2 500 |
1 |
2 500 |
Main d'œuvre pour la récolte |
FF |
- |
25 000 |
Main d'œuvre pour le battage |
FF |
- |
10 000 |
Criblage (coût/t) |
10 000 |
1,5 |
15 000 |
Frais de déclaration (inspection) (coût/ha) |
3 000 |
1 |
3 000 |
Contrôle au laboratoire (échantillon) |
10 000 |
1 |
10 000 |
Total |
|
|
268 500 |
7. Durée de vie
Il est généralement admis que dans les conditions idéales de stockage et de conservation, en partant de la semence de base (G4), on peut avoir deux (2) cycles de production de semences de qualité (R1 et R2), et procéder à un renouvellement tous les trois (3) ans.
Références bibliographiques
- ICRISAT, 2017 : Manuel de production de semences (Comment devenir producteur de semences de qualité, 2ème édition), 38p
- CEDEAO, 2008 : Règlement C/REG.4/05/2008 portant harmonisation des règles régissant le contrôle de qualité, la certification et la commercialisation des semences végétales et plants dans l'espace CEDEAO, 26p
- CEDEAO, UEMOA, CILSS, 2007 : Avant-Projet Manuel pour la certification de semences et d’accréditation, 174p
- MAG/EL, 2010 : Catalogue National des Espèces et Variétés Végétales (CNEV), 120p