Passer au contenu principal

  Traitement mécanique de Thypha australis et sa valorisation

________________________________________________________________________________________________________________________________

Le faucardage est une technique de lutte contre l’envahissement des plans d’eau par Typha australis. Cette technique consiste à débarrasser les plans d’eau de la plante en question mécaniquement ou manuellement.


1. Objectifs

  • Eliminer ou réduire la densité du Typha australis dans les plans d’eau pour les maintenir en un seuil de non nuisance ; 
  • Libérer la superficie des plans d’eau pour d’autres activités (pêche, maraîchage);  
  • Lutter contre la propagation du Typha australis ; 
  • Valoriser la biomasse issue du faucardage. 


2. Contexte/Conditions du milieu

L’espèce Typha australis est une plante qui envahit les milieux aquatiques ou humides aussi bien tropicaux, subtropicaux que méditerranéens. Au Niger, les milieux aquatiques concernés sont les Dallols (Bosso, Fogha et Maouri), la Korama, les basfond à eau affleurante, les cuvettes oasiennes du Manga,… 


3. Etapes de mise en œuvre

❖  Phase préliminaire :
      • L’ identification du site; 
      • L’évaluation de la superficie infestée ;
      • Information, sensibilisation des communautés;
      • Mise en place des comités de gestion   
      • La vérification de la disponibilité de la main d’œuvre en quantité et en qualité;
❖  Faucardage proprement dit  :
      • La coupe de la plante (Typha) au ras du sol ; 
      • Le dessouchage de la plante ; 
      • L’assemblage des chaumes et souches en fagots ; 
      • L’évacuation des fagots du milieu infesté au bord du plan d’eau au moyen d’une corde ; 
      • Le transport de la biomasse du bord du plan d’eau à au moins 50 m ; 
      • La valorisation de la biomasse sous forme d’engrais vert, de palissades ou de combustible.

Activités de faucardage de la mare de Tindini/Zinder individuellement (à gauche) et communautaire (à droite) (Photos A. Boureima)
Activités de faucardage de la mare de Tindini/Zinder individuellement (à gauche) et communautaire (à droite)
(Photos A. Boureima)

❖ Caractéristiques / Description techniques / Normes d’exécution :
      • Période de coupe : avant le mois d’avril période de multiplication des tiges et avant la floraison de la plante ; 
      • Profondeur de coupe : à au moins 20 cm sous l’eau ; 
      • Fréquence de coupe : 3 à 5 coupes par an pour épuiser la plante ; 
      • Norme d’exécution : 10 m² / homme-jour.
❖ Formation des communautés et Organisation du chantier  :

Les communautés villageoises doivent être formées en techniques de faucardage, aux normes de sécurité parce que le faucardage est une opération très laborieuse. Les travailleurs coupeurs de chaumes de typha doivent maitriser la natation. 
Pour ce qui est de l’organisation du chantier, une équipe de 22 personnes est mise en place et répartie comme suit: 1 chef d’équipe, 1 traceur, 10 personnes en charge de l’arrachage de Typha, 5 personnes pour la sortie du typha arraché de l’eau et 5 personnes en charge du transport jusqu’aux abords de la mare.

❖ Matériel technique 

Le matériel utilisé est le suivant : masques, gants, mini-caisse à pharmacie, gilets, bottes, cordes, des machettes, faucilles, pioches, pelles, pirogue, calebasse etc. 

 

4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

  • Contrôler la propagation du Typha sur le plan d’eau faucardé ; 
  • Enlever les nouvelles pousses de Typha ; 
  • Surveiller le plan d’eau faucardé s’il est utilisé comme pêcherie ; 
  • Mise en place d’un comité de gestion (COGES) du site.
  • Elaboration d’un plan d’aménagement et de gestion du site restauré (PAGSR). Le PAGSR est un document de planification locale et inclusive déterminant les modalités d’accès et d’utilisation durable des biens et services produits par le site restauré;
  • Signature d’une convention locale entre le ministère en charge de l’environnement d’une part (Maître d’œuvre) et l’exploitant ou le groupe d’exploitants du site, le conseil communal et le Projets ou ONG d’autre part (Maître d’ouvrage).
  • Gérer équitablement les produits et bénéfices issus du faucardage.


5. Valorisation des espaces libérés

  • Empoissonnement des plans d’eau faucardés ;
  • Promotion du maraichage à proximité du plan d’eau faucardé ;
  • Riziculture ;
  • Installation d’une bourgoutière.

6. Valorisation de la biomasse faucardée

Après fauchage et dessouchage, le Typha est valorisé sous plusieurs types de produits par les populations riveraines. Il s’agit de : 

  • Compostage : il est utilisé sous forme d’engrais organique destiné à la fertilisation des terres agricoles et des terrasses des étangs ; 
  • Alimentation du bétail : les chaumes de Typha sont utilisés pour alimenter le bétail pendant la période de soudure ; 
  • Alimentation humaine : la partie apicale de l’inflorescence (chandelle) appelée « Banbana » en Haoussa est consommée par la population ; 
  • Utilisation pour la confection des toitures et seccos ou transformation en divers produits artisanaux (paniers, nattes) et en briquettes de charbon. 

Vues de quelques produits émanant de la valorisation de la biomasse foliaire du Typha australis faucardé : (A) : Secco ; (B) : panier ; (C) : briquettesVues de quelques produits émanant de la valorisation de la biomasse foliaire du Typha australis faucardé :
(A) : Secco ; (B) : panier ; (C) : briquettes

7. Avantages / Inconvénients

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Restauration des plans d’eau ;

-        Redynamisation des activités de la pêche dans la mare ;

-        Augmentation des revenus des pécheurs et autres utilisateurs du plan d’eau ;

-        Création d’emploi ;

-        Amélioration du régime hydrique du plan d’eau,

-        Destruction de l’habitat des moustiques, des oiseaux granivores, des rongeurs, des serpents, … ;

-        Permet de disposer de biomasse pour la production du compost et de faire le paillage ;

-        Possibilité de fabriquer des combustibles avec les produits issus de la coupe

-        Pénibilité de l’opération ;

-        Coût élevé de l’opération

-        Exigence d’une forte main d’œuvre ;

-        Espèce résistante au faucardage ;

-        Risque de blessure, noyade, morsure de serpent, les maladies hydriques et respiratoires, etc…..

-        Activité difficile à superviser ;

-        Perturbation des zones frayères. 


8. Coûts de la lutte contre Typha australis

Coût de la pratique de lutte contre Typha australis à l’hectare

Rubriques

Unité

Quantité

Coût Unitaire (Fcfa)

Coût total (FCFA)

Main d'œuvre pour le fauchage de Typha

 

H/J

650

2000

1 300 000

Matériel/Equipement

Gants

Paire

15

1000

15 000

Mini-caisse à pharmacie

U

1

30 000

30 000

Gilets

U

17

5 000

85 000

Bottes

Paire

17

3 000

51 000

Bottes culottes

U

2

80 000

160 000

Cordes

25 m

4

5 000

20 000

Machettes

U

5

2000

10 000

Faucilles

U

5

1000

5 000

Pioche,

U

4

5000

20 000

Pelles

U

4

5000

20 000

Pirogue pour la supervision (ONG, ST, …)

 

1

120 000

120 000

Gora de natation (matériel de natation ancestrale)

U

5

15 000

75 000

Encadrement

 

H/j

4

2000

8 000

Total investissement

1 919 000

Source : Communication personnelle

9. Durée de l’effet du faucardage 

Le plan d’eau une fois traité peut durer plus de 10 ans sans Typha si la surveillance du plan d’eau traité est régulièrement assurée.


Références bibliographiques

  • Amani A. et Barmo S., 2010. Contribution à l’état des connaissances de quelques plantes envahissantes au Niger. Niamey, Niger, CNEDD, PNUD et INRAN. 40 p. 
  • Ministère de l’Environnement et de la Lutte Contre la Désertification (ME/LCD), 2009. Situation de référence de la zone d’intervention du projet de gestion intégrée des plantes aquatiques proliférantes au Niger. 65 p. 
  • Rapport, 2020. Formation sur les techniques de conduite de pisciculture artisanale familiale et de gestion durable des pêcheries à l’intention des pêcheurs et techniciens de la zone d’intervention PDIPC/PROMOVARE, du 6 au 8 juin 2020 à Konni. 
  • HAROUNA T., 1991. Evaluation du niveau des pêches dans le fleuve Niger au Niger, de l'impact de la jacinthe d'eau et des autres mauvaises herbes aquatiques sur les réserves de poisson et la pêche et proposition de mesures de lutte contre la jacinthe d'eau et de protection et restauration des ressources halieutiques. Rapport FAO projet TCP/NER/ 9155. 60 p. + annexes.