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  Conduite de l’apiculture traditionnelle   

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L’apiculture est une opération qui consiste à l’élevage d’abeilles à miel pour exploiter les produits de la ruche, principalement du miel. En apiculture traditionnelle, les ruches sont construites à partir de matériaux locaux.
Une ruche traditionnelle posée sur un arbre (gauche) et rayons de miel (droite) dans la commune de Sabon Machi (Amani A.).png
Une ruche traditionnelle posée sur un arbre (gauche) et rayons de miel (droite) dans la commune de
Sabon Machi (Amani A.)


1. Objectifs

  • Domestiquer les abeilles ; 
  • Accroitre la production du miel et autres produits de la ruche (cire, propolis, gelée royale, etc.) ; 
  • Favoriser la polonisation des fleurs,
  • Valoriser les plantations et formations végétales ;  
  • Augmenter et améliorer la production du miel et autres produits de la ruche ; 
  • Contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations ; 
  • Accroître les revenus des producteurs et leur nutrition. 


2. Contexte/Conditions du milieu

L’apiculture est une activité pratiquée en zone sahélienne et sahélo-soudanienne. L’apiculture est conditionnée par la disponibilité en flore mellifère et en eau.


3. Etapes de mise en œuvre

❖  Confection des ruches ou acquisition par achat et fumigation

La confection de la ruche se fait à partir de plusieurs matériaux notamment, les tiges de Combretum micranthum, l’écorce de Hibiscus cannabinus, les feuilles de Annona senegalensis, les tiges de mil ou de Ctenium elegans, la bouse de vache, les couvercles de tasses ou morceaux de calebasse et les vannes, le plastique, l’encens, Andropogons gayanus, l’écorce de Piliostigma reticulatum etc. 

La confection de la ruche se fait d’abord en cerceaux. Six à sept cerceaux sont construits avec les tiges de Combretum micranthum et enroulés avec l’écorce de Hibiscus cannabinus. Ces cerceaux sont de taille croissante de manière à donner à la ruche une forme générale conique. Ensuite, on enroule ces cerceaux avec les tiges de mil ou avec les chaumes d’Andropogon gayanus tissé avec l’écorce de Piliostigma reticulatum et on met une lame pour les ajuster. La bouse de vache mélangée avec les feuilles de Annona senegalensis ou de terre est mise à l’intérieur de la ruche en construction.  

Les deux ouvertures de la ruche sont fermées par deux couvercles, une en tasse ou calebasse percée de petits trous et une en vanne. La tasse ou la calebasse percée de petits trous est mise sur le petit côté de la ruche qui servira de porte d'entrée et de sortie des abeilles. La vanne placée sur le grand côté de la ruche servira à faciliter la récolte du miel produit.

Enfin, la fumigation consiste à parfumer la ruche avec de l’encens pendant deux jours afin de d’attirer la colonie d’abeilles.

Etapes de fabrication artisanale d’une ruche traditionnelle dans la commune de Sabon Machi (Amani. A).png
Etapes de fabrication artisanale d’une ruche traditionnelle dans la commune de Sabon Machi (Amani. A)

❖  Choix du site d’installation de la ruche et des espèces mellifères

Le site doit suffisamment être riche en sources de nectar et de pollen exploitables par les abeilles dans un rayon d'efficacité de butinage maximal de 3 km autour de la ruche. Il doit être calme, accessible toute l’année, à proximité d’un point d’eau (une colonie moyenne a un besoin d’eau de 15 à 20 litres par an). 

Le choix des espèces mellifères est très important pour l’apiculteur car la qualité et quantité du miel dépendent de la qualité et de la quantité des fleurs butinées. Il existe plusieurs espèces mellifères parmi lesquelles on peut citer : Acacia nilotica, Acacia senegal, Anogeissus leocarpus, Albizzia chevalieri , Azadirachta indica, Bauhinia rufescens ,Cassia singueana, Celtis integrifolia, Combretum glutinosum, Combretum micranthum , Detariummicrocarpum , Diospyros mespiliformis, Faidherbia albida, Ficus sycomorus, Ficus platyphylla , Guiera senegalensis, Lannea microcarpa, Manguifera indica, Maerua crassifolia, Parkinsonia aculeata, Parkia biglobosa, Piliostigma reticulatum ,Prosopis africana, Tamarindus indica, Vitellaria paradoxa, Vitex doniana, Ziziphus mauritiana, Ziziphus spina-christi.

❖  Installation de la ruche

Le rucher (ensemble des ruches) doit être installé à une distance de 100 à 300 m des habitations. Le nombre de ruches à installer doit tenir compte du potentiel de production de nectar et de l’éloignement des plus proches voisins. Dans un rayon à faible production, ne pas dépasser 12 à 15 ruches. Une région très mellifère accueillera jusqu'à 25 ou 30 ruches. Pour un rayon de 1 km ou pour 1 hectare, constituer un rucher de 5 à 6 ruches au maximum. La distance entre les ruchers doit être de 3 à 4 km voire 7 km d'un apiculteur voisin. 
La ruche doit être placée de manière à éviter les prédateurs (margouillats, crapauds, etc.), les feux, le bétail errant et à l’abri du vent et de la pluie.

❖  Colonisation de la ruche par les abeilles 

Une fois installées, les ruches bien parfumées sont aussitôt colonisées par les abeilles. Une colonie d’abeille est constituée d’une reine, des ouvrières (10000 à 80000) et de faux-bourdons (environ 300). 

❖  Suivi des ruches et récolte du miel   

Le suivi des ruches consiste à des visites par semaine ou tous les 10 jours par l’apiculteur. La récolte se fait quand le miel est arrivé à maturité (fin de l’operculation, au moment où environ 80% des alvéoles sont recouvertes par une fine couche de cire).
L’apiculteur vêtu de sa combinaison grimpe sur l’arbre avec les matériels, introduit dans la ruche l’enfumoir contenant un combustible produisant de la fumée (morceau de bois, glumes de mil, etc.). L’apiculteur coupe une partie du rayon avec le couteau et laisse une petite partie pour la colonie des abeilles pour continuer la production du miel. 

❖  Extraction du miel des rayons collectés 
        • Tri des alvéoles des rayons collectés (éviter les alvéoles ne contenant ni de larves ni de pollen, ou du miel non-mur) ;
        • Mise sous presse des alvéoles triées pour être graduellement compressé afin de laisser couler le miel ;
        • Passage du substrat à travers deux passoires ou tamis superposés ;
        • Filtrage du miel brut par un système de tamis superposé et à mailles graduelles.
❖  Conditionnement du miel  

C’est l’opération qui consiste à mettre le miel pur en bouteille de 250 g, 500 g et 1000 g pour la vente. 

Apiculteur au travail sur un arbre à Tanda (Gaya) (Photo - M. Porporato 2008).jpg
Apiculteur au travail sur un arbre à Tanda (Gaya) (Photo : M. Porporato 2008)

❖  Caractéristiques techniques

-    Dimension de la ruche à forme conique :
-    Longueur : 1,5 m ; 
-    Diamètre : 50 à 60 cm soit un volume de 0,23 m3
-    Orientation de la ruche : Nord-sud ;
-    Hauteur emplacement de la ruche : 4 à 5 m ;
-    Période de miellée dans l’année : Octobre-janvier et mai-juin ;
-    Fréquence de récolte : 2 fois/mois pendant la période de miellée soit 12 fois/an ;
-    Productivité : en moyenne 3 litres/ruche/récolte soit 36 litres/ruche/an. 

❖  Matériel technique

Ruches ; tamis, presse à miel, combinaison, paire de gants et paire de bottes ; enfumoir, lève- cadres ou couteau, seaux.

4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

-    Surveiller les ruches pour les prémunir d’éventuels voleurs ;
-    Protéger les abeilles contre d’éventuelles attaques des ennemis notamment (lézards, oiseaux comme                    guêpiers, fourmis et coléoptères et ratel, etc.) ;
-    Surveiller la source d’eau.

5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Amélioration des revenus des ménages ;

-        Contribution à la conservation de la biodiversité ;

-        Contribution à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ;

-        Traitement de plusieurs maladies ;

-        Activité peu coûteuse et rentable ;

-        Augmentation de rendement agricole par la pollinisation ;

-         Matériel technique localement disponible et accessible.

-        Exigence d’une flore mellifère et d’une source d’eau ;

-        Sensibilité des abeilles aux pesticides ;

-        Piqûres d’abeilles sont douloureuses et parfois mortelles.


6. Coûts de la technique

Coût de la technique d’un rucher de 10 ruches

Rubriques

Unité

Quantité

Prix unitaire (FCFA)

Montant (FCFA)

Ruche

Unité

10

7 000

70 000

Seau de récolte

Unité

3

1 500

4 500

Combinaison 

Unité

1

25 000

25 000

Tamis de maille variable

Unité

3

1 500

4 500

Surveillance

H/j

24

1 500

36 000

Couteau

Unité

1

1 000

1 000

Enfumoir

Unité

1

5 000

5 000

Presse à miel

Unité

1

15 000

15 000

Entretien et réhabilitation

H/J

1

48 000

48 000

Conditionnement (bouteille d’1 litre)

Unité

360

100

36 000

Total investissement

 

 

 

245 000

NB:  Ces coûts sont indicatifs et peuvent varier selon les contextes


7. Durée de vie

La durée de vie d’une ruche traditionnelle est en moyenne de 8 ans si elle est bien entretenue.


Références bibliographiques

  • Lawali Sitou, Drame Yaye Aissetou et Maiga Mamadou Aichatou, 2020. Etude des potentialités mellifères et contribution de l’apiculture à l’économie des ménages dans la commune de Madarounfa au Niger. International Journal of Innovation and Scientific Research. P125-134. 
  • Dieudonné B. 2008. Manuel de formation apicole, Abeilles – Environnement – 
  • Développement, Centre pour l’Environnement et le Développement, Yaoundé Cameroun. 44 p. 
  • Amani A. Oumarou I., 2017. Manuel de stagiaire de formation des apiculteurs et des agents d'encadrement de base sur les techniques et technologies de conduite des ruchers et de confection des ruches Kényanes dans les régions de Maradi, Tahoua et Zinder, PDIPC, Niamey Niger, 41p.