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  Elevage en étang du poisson chat d’Afrique/ Silure (Clarias gariepinus)

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La pisciculture est l’ensemble de techniques d’élevage du poisson. Un étang de pisciculture est une pièce d’eau que l’on peut remplir et vider selon les nécessités de la pisciculture. Il doit constituer un milieu favorable au développement de poisson. Clarias gariepinus poisson-chat ou silure est un poisson grisâtre à noir avec une tête garnie de pièces osseuses et de 4 paires de barbillons.  

Images de Clarias gariepinus (gauche) et d’étang de pisciculture (droite) (DPA, ME:LCD).pngImages de Clarias gariepinus (gauche) et d’étang de pisciculture (droite) (DPA, ME/LCD)

 

1. Objectifs

  • Améliorer l’état nutritionnel des populations ; 
  • Augmenter les revenus des producteurs. 


2. Contexte/Conditions du milieu

L’élevage du silure est pratiqué en zones sahélienne, sahélo-soudanienne et soudanienne où l’eau est disponible toute l’année et est favorable au développent du poisson. Les étangs peuvent être creusés dans le sol, soit en partie dans le sol et en partie au-dessus, soit sur une élévation naturelle du sol.


3. Etapes de mise en œuvre

❖  Reproduction en écloserie

En milieu artificiel (étang, bac), Clarias gariepinus ne se reproduit, à quelques exceptions près, pas spontanément. Compte tenu de ces difficultés, la reproduction artificielle en écloserie est généralement utilisée pour l’obtention des alevins. Une écloserie est une installation destinée à produire des œufs et des larves ou alevins, notamment de poissons.

Ecloserie en circuit fermé pour la production d’alevin de Clarias gariepinus.png
Ecloserie en circuit fermé pour la production d’alevin de Clarias gariepinus : dans le fond, batterie de bouteilles de Zoug au-dessus du filtre bactérien pour l’éclosion des œufs et château d’eau et à l’avant plan, bacs de larviculture avec leurs claies (Photo Tropicultura, 2003)

La reproduction en écloserie se déroule selon les étapes suivantes :
          • Sélection de géniteurs : Les géniteurs peuvent être récoltés à partir d'une population sauvage (pendant la descente des eaux) ou d'un peuplement élevé en étangs de pisciculture. Le mâle adulte se distingue de la femelle par une papille allongée se prolongeant vers l'arrière. Chez, la femelle, la papille a la forme d'une éminence ovale. Le choix des femelles se fait sur la base du ballonnement du ventre. Une femelle mure se reconnaît au ventre mou et gonflé. Quant au mâle, aucun signe ne permet d’indiquer s’il est apte à la reproduction. Le choix est alors porté sur le mâle en bonne santé.

          • Maintien des géniteurs en écloserie : Avant de les introduire dans l’écloserie, il est recommandé de désinfecter les géniteurs en les faisant séjourner pendant trois heures dans un bain contenant 50 à 150 parties par million (ppm) de désinfectant. Les géniteurs sont maintenus séparés dans l’écloserie. Les géniteurs sont nourris avec des granulés à la ration de 1 à 1,5% de la biomasse selon que le poids est compris entre 0,5 et 1 kg.

          • Propagation de la maturation finale et/ou ovulation : Les femelles sélectionnées reçoivent par injection de 4 mg d’extrait d’hypophyse de carpe séchée ou de clarias, par kg de poids vif du poisson. L’injection est faite dans la musculature dorsale et a lieu de préférence la nuit afin de procéder à l’extraction des œufs le lendemain matin après un temps de latence qui est d’autant plus court que la température de l’eau est élevée.

Injection d’extrait hypophysaire dans une femelle de Clarias gariepinus (station piscicole de Sébéri (Kollo).jpg
Injection d’extrait hypophysaire dans une femelle de Clarias gariepinus
(station piscicole de Sébéri (Kollo)

          • Expulsion manuelle des œufs : après le temps de latence, les œufs sont expulsés par massage abdominal de la femelle. Ils sont recueillis dans un bol bien sec. 

          • Dissection d'un mâle pour obtenir la laitance : Le géniteur mâle sélectionné est sacrifié et les testicules sont prélevés et pressés dans une solution physiologique (eau salée à 9%). 

          • Fécondation artificielle, incubation et éclosion des œufs :  Quelques gouttes de laitance ainsi obtenues sont versées dans le bol contenant les œufs. On y ajoute de l’eau pour activer les spermatozoïdes. On mélange le tout pendant 30 secondes. Les œufs fécondés sont mis sur des plaques perforées et incubés en eau courante dans les bacs d’éclosion. La durée d’éclosion est d’autant plus courte que la température de l’eau est élevée. Il est recommandé de désinfecter le bac avec un antifongique (notamment, 2,5 ppm de vert de malachite pendant 5 à 10 minutes). Dans le bac d’éclosion, les larves viables vont être séparées des larves déformées.

Illustration de l’extraction des œufs et de leur fécondation artificielle (Viveen et al,1985).pngIllustration de l’extraction des œufs et de leur fécondation artificielle
(Viveen et al,1985)

          • Grossisement des larves : les larves obtenues de 5 à 7 mm et pesant 1,2 à 3 mg commencent à se nourrir après la résorption de la vésicule vitelline (2 à 3 jours). Les larves de 3 à 4 mg vont être nourries jusqu’à 30 mg avec du nauplii d’Artemia et de 30 à 250 mg avec du trouvit. Cette alimentation doit être distribuée de façon continue et des traitement prophylactiques et entretiens réguliers sont requis pour avoir une bonne survie (90 à 95%). 

          • Pré-grossissement ou production de fingerlings (alevin de poids de 1 à 3 g)
            La densité de mise en charge est d’environ 65 alevins de 30 à 250 mg par m2. Les alevins sont nourris au plancton principalement. Il y a lieu donc de favoriser la fertilisation de l’étang. La récolte des fingerlings intervient 30 jours après la mise en charge des alevins à la taille moyenne de 6 cm. Le taux de survie maximum est d’environ 30%.

          • Grossissement : En monoculture, la mise en charge se fait avec des fingerlings de 1 à 3 g à la densité de 10 individus/m2. Les poissons sont nourris avec des granulés. En général, la ration journalière varie entre 10 à 20% du poids vif.
            L’étang (4 à 5 ares ou plus) de grossissement doit être maintenu plein durant toute la durée d’élevage (6 à 7 mois voire plus suivant l’alimentation) la mise en charge se fait avec des fingerlings de 1 à 3 g à la densité de 10 individus/ m2. Les poissons sont nourris avec des granulés. Des pêches de contrôle sont effectuées chaque mois pour connaitre la croissance moyenne et ajuster la ration alimentaire. Dans les meilleures conditions d’élevage, les poissons atteignent la taille moyenne de 400 à 500 g en 6 ou 7 mois selon la performance de l’aliment. 

          • Alimentation : L’alimentation proprement dite est indispensable car l’alimentation par la fertilisation bien que nécessaire est insuffisante pour la production d’une taille marchande en un temps réduit. L’aliment composé à base de sous-produits agricoles doit couvrir le besoin en protéine du silure qui est de 20 à 25%. L’aliment doit être apporté à la volée ou dans un cadre confectionné dans un coin de l’étang. La fréquence est de 2 passages au moins par jour, le matin entre 8 h et 9 h et le soir entre 15 h et 16 h. 

          • Contrôle, surveillance et suivi : La pêche de contrôle doit s’effectuer mensuellement avec une senne (engin de pêche) et consiste à prélever un échantillon de 25% de la population de poisson. La pêche de contrôle permet de suivre l’état des poissons en élevage. Elle permet de réajuster la ration alimentaire en fonction du poids moyen des poissons ou de savoir si le poisson a atteint la taille marchande. 
            La surveillance de l’étang consiste à surveiller le niveau d’eau, sa couleur, les tuyaux d’alimentation et de vidange, éliminer les plantes aquatiques, et à entretenir la digue et le canal. 
            Le suivi des activités piscicoles permet au pisciculteur d’avoir une idée exacte des interventions qu’il effectue et de relever les difficultés. 

          • Récolte, entretien et réparation après vidange : A la fin du cycle, la récolte est effectuée et les étangs doivent faire l’objet d’un entretien sérieux pour créer les conditions de démarrage d’un nouveau cycle. Les principales opérations de l’entretien sont : (i) la mise à sec qui permet de détruire les plantes aquatiques résiduelles, les parasites et les prédateurs de poisson. La période d’assec (période où l’étang est complètement vidangé) doit être courte pour éviter les fissures sur le fond et les digues ; (ii) le curage qui consiste à enlever l’excès de vase qui recouvre l’assiette de l’étang ; (iii) la réfection des canaux, la remise en état des digues et le nettoyage des grilles et grillage de protection. 

 

❖  Caractéristiques techniques

Valeur d’Indice technique

Appréciation

Croissance individuelle (Ci) ≥ 3 g/jour

1,5 g ≤ Ci ≤ 2,5

g/j Ci < 1,5 g/j

Bon

Satisfaisant

Mauvais

Quotient nutritif (QN) < 3

3 ≤ QN ≤ 3,5

g/j QN > 3,5

Bon

Satisfaisant

Mauvais

Taux de survie en fin de cycle (t) ≥ 80%

50 ≤ t ≤ 80%

t ≤ 50%

Bon

Satisfaisant

Mauvais

 
❖  Matériel technique

Caisse de transport, bidon plastique de 50 litres, sac en polyéthylène, demi-fût et jarre (pour le transport des alevins), balance, senne, bassines, seaux, aliment, grande épuisette, petite épuisette, filets, bobines de fil de montage. 

4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

  • Suivre et contrôler rigoureusement les élevages afin de réduire le cannibalisme et éviter les pathologies ;
  • La pisciculture des silures est maîtrisable en 3 mois au niveau communautaire. Cependant, le cycle de production pour une taille marchande d’un kilogramme et plus, peut durer 6 mois. 
  • L’alimentation est composée de : 75% de son de riz ou de blé, 15% de tourteau de coton et 10% de farine de poisson ou 45% de tourteau d’arachide, 45% de son de riz ou de blé et 10% de farine de poisson. 


5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Espèce supportant des densités très élevées ;

-        Espèce omnivore, rustique et à forte croissance ;

-        Faible différence de croissance entre mâle et femelle à partir d’un certain stade ;

-        Bon taux de conversion alimentaire ;

-        Augmentation de revenus aux pisciculteurs ;

-        Bon taux de survie ;

-        Utilisation de l’eau de vidange des étangs dans le maraîchage.

-        Reproduction en captivité exigeant l’induction hormonale ;

-        Cannibalisme très développé ;

-        Espèce peu appréciée par certains consommateurs.



6. Coûts de la technique

Coût de la technique : Pour une unité constituée de 2 étangs de pré-grossissement (2 x 400 m²) et de 4 étangs de grossissement (4 x 400 m²) et un taux de survie de 80 %) :

Coût de la technique sur une planche de 50 m2 en culture semi-intensive

Rubriques

Unité

Quantité

Prix unitaire (FCFA)

Montant (FCFA)

Aménagement piscicole (investissement à long terme)

3000

500

1 500 000

Construction d’étang en terre battue fonctionnel (investissement à long terme)

2000

1000

2 000 000

Bidon plastique de 50 litres

Unité

4

500

2 000

Balance

Unité

2

5000

10 000

Bassines

Unité

4

4000

16 000

Seaux

Unité

4

1000

4 000

Grande épuisette,

Unité

1

5000

5 000

Petite épuisette,

Unité

1

3 000

3 000

Filet

Unité

1

30 000

30 000

Senne (pour la capture)

Unité

1

40 000

40 000

Caisse isotherme de transport

Unité

1

50 000

50 000

Sacs (en polyéthylène)

Forfait

Forfait

5 000

5 000

Demi-fût (transport)

Unité

1

5 000

5 000

Jarre (transport)

Unité

1

3 000

3 000

Bobines de fil de montage.

Unité

1

3 000

3 000

Achat et transport des alevins (investissement annuel)

Alevins

12 000

100

1200000

Aliment pour pré-grossissement (12000 alevins)

Sac de 15 kg

FF

FF

200 000

Aliment pour grossissement (12000 x 80%= 9600 fingerlings)

Sac de 15 kg

FF

FF

600 000

Achat motopompe à gaz et son kit accessoire

Unité

1

500 000

500 000

Fertilisation

FF

FF

200 000

200 000

Approvisionnement en gaz

Cycle

1

120 000

120 000

Main d’œuvre

H/J

300

1500

450 000

Entretien

FF

FF

120 000

120 000

Total investissement

 

 

 

7 066 000

NB:  Ces coûts sont indicatifs et peuvent varier selon les contextes


7. Durée de vie

Un cycle de production dure 6 à 7 mois et la durée de vie des étangs peut excéder 10 ans.


Références bibliographiques

  • Nyinawamwaza, L., 2007. Valorisation de sous-produits agro-industriels dans l’élevage du poisson-chat africain Clarias gariepinus au Rwanda : influence sur les performances de croissance et de reproduction. Thèse de doctarat. 188 p. 
  • Richir J., 2004 : La valorisation des sous-produits agro-industriels dans l’alimentation du poisson-chat africain, Clarias gariepinus, au Rwanda. Mémoire de fin d’étude en Master. Faculté des Sciences, Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix Namur.  77 p. 
  • Viveen l W.J.A.R., Richter C.J.J., Huisman E.A., van Oordt P.G.W.J., Janssen J.A.L., 1985. Manuel pratique de pisciculture du poisson-chat africain (Clarias gariepinus). Département de Pisciculture et de Pêche de l'Université Agronomique de Wageningen, PaysBas. 128p.