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  Boutique d’intrants   

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Les boutiques d’intrants (BI) sont des entités autonomes à caractère associatif ou de type coopératif vendant des intrants agricoles (engrais, semences, produits phytosanitaires, produits zootechniques et vétérinaires, etc.). Elles peuvent être groupées en réseau et sont la propriété d’organisations paysannes de base, d’unions ou de fédérations d’Organisations de Producteurs (OP).

Boutique d’intrants (FAO, 1997).png
Boutique d’intrants (FAO, 1997)


1. Objectifs

Permettre à de nombreux producteurs disposant de moyens limités d’accéder aux intrants et à d’autres services d’appui à l’agriculture.
Elle permet spécifiquement de palier :

  • Au prix relativement élevé des intrants, en particulier engrais et semences ;
  • À la qualité médiocre des engrais ;
  • Aux multiples ruptures d’intrants sur le marché occasionnant des irrégularités dans l’approvisionnement et une flambée des prix ; 
  • À la distance entre les points d’approvisionnement en intrants et les zones de production ;
  • Aux connaissances insuffisantes des producteurs concernant les types d’intrants et leur utilisation ;
  • À l’impossibilité d’acheter au détail certains intrants.

 

2. Contexte/Conditions du milieu

Au Niger, l’accès aux intrants agricoles de qualité constitue un maillon primordial de la filière agricole et de la sécurité alimentaire. En effet, si la production agricole du pays est fortement tributaire des aléas climatiques, elle est aussi fortement influencée par une faible fertilité des sols, caractérisée par une carence généralisée en phosphore, qui limite fortement la productivité, même en cas de bonne pluviométrie.


3. Etapes de mise en œuvre

❖  Les caractéristiques des boutiques d’intrants : bâtiments, localisation, affichage, stock, qualité d’intrants et matériel de location

Le bâtiment est en deux types de matériaux (banco et ciment) :

        • Dimensions externes : 7,70 m x 4,40 m ;
        • Surface globale = 33,88 m² ;
        • Toiture en bac alu 7/10e à pente 3% ;
        • Hauteur totale externe/T.N : 4,00 m ;
        • Épaisseur du mur : 20 cm ;
        • Enduit en ciment (dosé à 300 kg/m3) ;
        • 1 porte en tôle persienne : 1,20 x 2,20 ;
        • 2 fenêtres en tôle persiennes : 50 x 100 ;
        • Dalle antiérosive de 20 cm d’épaisseur.

L’emplacement de la boutique dans le village est un élément important pour son accessibilité géographique et pour son attractivité dans les cas où elle est située à proximité d’autres installations commerciales ou de bâtiments sociaux. La majorité des BI (près de 80 pour cent) disposent d’un bon emplacement au sein du village, une part importante offrant même l’avantage d’une localisation opportune à proximité d’un marché, d’un magasin de warrantage ou d’une banque céréalière. Cette concentration de lieux à vocation commerciale et agricole est de nature à favoriser la rencontre entre les vendeurs d’intrants et leur clientèle, entre l’offre et la demande ; 

Le type de construction : 70 pour cent des BI sont construites en semi dur (alliage de banco/terre crue et de ciment adapté à l’environnement sahélien) et donc plus résistantes aux intempéries que celles construites uniquement en banco (14 pour cent). En conséquence, près de 60 pour cent des BI présentent un bon état tant au niveau des installations que de l’entretien (constat plutôt rassurant au regard de la création récente de la plupart des boutiques) ; 
Le plan type de construction inclut un espace dédié aux produits phytosanitaires, mais il reste 45 pour cent des BI sans un tel espace, augmentant ainsi le risque de contamination entre les différents produits ; 

Les équipements présents dans toutes les BI se limitent à des chaises et à des palettes et tous les autres équipements (table, étagères, balances, tableau, bâches, calculatrice, boîte à monnaie, carnets de reçus).

❖  Etape de mise en œuvre :

La mise en place d’une boutique d’intrants suit des étapes dont les plus importantes sont:

        • Tenue d’une assemblée générale entre leaders paysans et la population pour la confirmation de la création ; de la boutique d’intrants ;
        • Identification du site d’implantation 
        • Construction du bâtiment en respectant les normes de sécurité :  
            • Les fouilles 
            • Les fondations
            • Le remblai
            • Le soubassement
            • L’élévation
            • La couverture
            • Les enduits
            • Les menuiseries 
            • Les peintures
        • Mise en place d’un comité villageois de gestion et choix des gérants 
        • Formation des gérants et des autres membres du comité de gestion

Boutique d’intrants agricoles dans le village de Téguert (commune de Timia) Source : PromAP / GIZ

Intrants agricoles et matériels dans la boutique de Gao Moussa (commune Bambeye) Source : LUCOP / GIZ

Boutique d’intrants agricoles « type IARBIC » dans le village de GariyaBoulkass (Commune Tondikandia) Source : PromAP / GIZ

Boutique d’intrants agricoles dans le village de Téguert
(commune de Timia)
Source : PromAP / GIZ
Intrants agricoles et matériels dans la boutique de Gao Moussa
(commune Bambeye)
Source : LUCOP / GIZ
Boutique d’intrants agricoles « type IARBIC » dans le village de GariyaBoulkass
(Commune Tondikandia)
Source : PromAP / GIZ


4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation   

  • Les acteurs des boutiques d’intrants : propriétaires, clients, gérants, unions/ fédérations, encadreur local et partenaires

  • Une offre de services de proximité variés et de qualité disponibles autant pour les producteurs et productrices membres ou non-membres que pour les OP masculines, féminines ou mixtes ;

  • Une bonne situation géographique garantissant une accessibilité aisée (proche d’un axe routier, zone non-inondable, etc.)

  • La bonne gouvernance et la bonne organisation de la boutique d’intrants via notamment l’existence et la mise en place d’un règlement intérieur. Tous les clients et membres des OP doivent être sensibilisés pour son application stricte 

  • La mise en place d’un comité de gestion de la BI élu démocratiquement en assemblée générale de l’OP et renouvelable périodiquement. La BI doit aussi se doter d’un comité de contrôle indépendant qui constitue un regard extérieur impartial comprenant (commissaires aux comptes)

  • La gestion des boutiques d’intrants : des outils comptables et de supervision non généralisée

    • La gestion des BI prévoit une supervision par les commissaires aux comptes de l’OP concernant la vérification de la trésorerie, la comptabilité, l’inventaire des stocks et les procédures d’achats. 58 pour cent des BI ont mis en place un mécanisme de supervision des gérants. 

    • Pour démarrer l’activité, les BI doivent constituer un fonds de roulement initial, pour l’achat des premiers intrants. Ces ressources, provenant de l’OP sont, par exemple, des sacs de semences apportés par les membres et/ou des cotisations des membres. Certains partenaires participant à la création de BI fournissent également un stock initial d’engrais pour le démarrage des activités. 

    • Instauration d’une relation de confiance entre les clients et la boutique d’intrants en : - proposant véritablement des services utiles aux producteurs et productrices (informations sur les intrants, conseils techniques d’application, appui-conseils, etc.) ; 

    • Réalisation d’une marge bénéficiaire suffisante permettant d’au moins maintenir son fonds de roulement afin d’assurer au moins en partie l’autofinancement de ses activités dont l’approvisionnement régulier en intrants, l’entretien des infrastructures, etc ;

    • Encadrement, suivi et évaluation des comités de gestion ; 

    • Renforcement des capacités et recyclage des responsables et membres des OP en charge des décisions, des achats, de l’approvisionnement, de la gestion, de l’appui-conseil etc.

  • Certains autres facteurs peuvent également contribuer à la durabilité de cette pratique : 

    • Existence de sites de cultures irriguées à proximité afin de rendre les activités de la boutique d’intrants continues sur toute l’année ;

    • Diversification des activités des boutiques d’intrants.

5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Implication du genre dans le comité de gestion ;

-        Disponibilité des intrants au niveau de la centrale d’approvisionnement ou chez certains fournisseurs ;

-        Information sur l’utilisation des intrants pour une meilleure production (activités, produits disponibles, etc.) ;

-        Le rapprochement des intrants du producteur et de la productrice et l’amélioration de la disponibilité de ces intrants ;

-        Les services de proximité fournis aux producteurs et productrices (appui-conseil sur l’utilisation des intrants, traitement phytosanitaire, location de petit matériel agricole et vétérinaire, etc.).

-        La palliation au manque des intrants dans les zones de production

-        Mauvaise formation des gestionnaires de la boutique ;

-        Manque d’intérêts ou de connaissances par les producteurs et productrices des avantages des intrants ;

-        L’accaparement de la gestion par les hommes

-        Rupture des produits due à la mauvaise gestion ;

-        Difficultés de recouvrement des crédits ;


6. Coûts de la technique

Coûts de construction en matériaux définitifs d’une Boutique d’Intrants de surface totale de33,88 m² 

REF.

DESIGNATIONS DES OUVRAGES

MONTANT

0.1

Installation et repli du chantier

1 200 000

1

Terrassements

425 000

2

Fondations - Soubassements

950 000

3

Plancher - sol

775 000

4

Béton armé (B.A.)

1 720 000

5

Maçonnerie

1 200 000

6

Enduit - Revêtement

980 000

7

Charpente -Couverture

3 750 000

8

Menuiseries métalliques et bois

1 600 000

9

Peinture

1 250 000

10

Mobiliers de bureau

1 460 000

11

Divers

820 000

 

MONTANT DES TRAVAUX HT

16 130 000

Montant 12 152 248/PAC II-RCI/IRDAR, 2013 en matériaux définitif


7. Durée de vie

La durée de vie d’une boutique d’intrants varie de 5 à 10 ans lorsqu’elle est en banco et peut atteindre plus de 30 ans quand elle est en ciment.


Références bibliographiques

  • BMZ/GIZ, 2012. Bonnes pratiques de conservation des eaux et des sols : Contribution à l’adaptation au changement climatique et à la résilience des producteurs au Sahel. 60 pages.
  • Programme d’Actions Communautaires, 2006. Recueil de fiches techniques en gestion des ressources naturelles et des productions agro-sylvo-pastorales. 270 pages.
  • FAO, 2016, Bilan et performance des boutiques d’intrants et des organisations de producteurs au Niger