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  Digue filtrante 

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Les digues filtrantes sont des micro-barrages faits en pierre et disposés à travers d’une vallée assez large dans l’optique de provoquer l’épandage des écoulements. Elles sont généralement construites en gabions. 

Vue d’une digue filtrante en travers d’une large vallée de l’Ader.png
Vue d’une digue filtrante en travers d’une large vallée de l’Ader


1. Objectifs

  • Ralentir et étaler l’eau sur toute la largeur du lit en amont ;
  • Provoquer le dépôt et l’accumulation des sédiments transportés ;
  • Favoriser l’infiltration de l’eau pour la recharge de la nappe ;
  • Réduire l’érosion hydrique ;
  • Accroitre les performances productives du végétal.


2. Contexte/Conditions du milieu

La technique des digues filtrantes peut être mise en œuvre dans toutes les zones semi-arides (pluviométrie moyenne de 250 à 600 mm) lorsque les cours d’eau ont un écoulement torrentiel transportant beaucoup de sédiments et que la vallée est suffisamment large pour permettre l’épandage de l’eau.

Pour que l’épandage puisse se produire sur toute la portion concernée de la vallée, les ouvrages doivent être disposés en cascade en travers du lit de manière à ce que le sommet de l’ouvrage en aval corresponde horizontalement à la base de l’ouvrage en amont.


3. Etapes de mise en œuvre

❖  Caractéristiques de la digue filtrante :

Longueur = largeur du lit largeur du koris ;
Largeur : comprise entre 0,5 et 1 m ;
Hauteur : 0,5 m;
Largeur du bassin : 1 à 1,5 m.

Vue de la zone en aval d’une digue filtrante (Photo Ambouta Karimou J.M).pngVue de la zone en aval d’une digue filtrante (Photo Ambouta Karimou J.M.)

❖  Choix du site  :

Dans les cours d’eau à écoulement temporaire (bas-fonds, rivières et vallées). 

❖  Implantation de l’ouvrage  :
        • Matérialiser l’axe de l’ouvrage
        • Ouvrir les fouilles ;
        • Construire l’ouvrage ;

Dans un lit de cours d’eau temporaire, on construit généralement une série de digues filtrantes. Le respect de la disposition en cascade des digues dans les lits de koris est la garantie du bon fonctionnement de ceux-ci. 

En effet, au bout de quelques années de fonctionnement :

        • En amont, le kori est comblé de sédiments jusqu’au niveau du sommet de la digue, formant une terrasse ;
        • En aval, si une autre digue y a été disposée conformément aux règles de construction, une autre terrasse s’est formée ;
        • Lorsqu’une crue se produit, l’eau s’écoule lentement, donc sans éroder, en escaliers sur des parcours quasi-horizontaux séparés par des chutes. 
          Les surfaces des terrasses peuvent être exploitées en cultures pluviales (sorgho surtout) et en cultures maraîchères en saison sèche.


4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation   

  • Suivi régulier du fonctionnement de l’ouvrage après chaque grosse pluie

  • Correction des éventuelles parties endommagées ou contournées ;

  • Plantation serrée d’arbustes le long des berges pour mieux les stabiliser. 

5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Lutte contre l’érosion hydrique au niveau de tout un système de bassins versants ;

-        Stabilisation des berges des koris

-        Accumulation de sédiments en terrasses exploitables par les cultures

-        Epandage des eaux pour favoriser l’infiltration

-        Lutte contre l’écoulement torrentiel

-        Recharge de nappe alluviale

-        Amélioration de la performance productive de la végétation dans la partie amont de l’ouvrage.

-        Coût élevé

-        Technologie difficilement réplicable

-        Nécessité d’encadrement en milieu paysan ;

-        Désavantage certains secteurs sur le plan disponibilité en eau


6. Coûts de la technique

Le coût de l’ouvrage dépend des caractéristiques du site (topographie du terrain) et de la disponibilité des matériaux (distance de la carrière, charge réelle de chaque voyage en camion…). La construction en pierres libres diminue les coûts d’aménagement par rapport aux gabions.

Coût de mise en place d’un m3 de gabion

Investissement

Unité

Quantité

Prix unitaire

Coût total (FCFA)

Cage et accessoires de fermeture

U

4

25 000

100 000

Collecte et transport moellons

M3

4

10 000

40 000

EPI (gants, casques, bottes, etc.)

U

FF

12 500

12 500

Matériels (barre à mine, pioche, marteau, etc.)

U

FF

2 500

2 500

Encadrement technique

U

FF

5 000

5 000

Maître maçon

hj

1

7 000

7 000

Aide gabionneur

hj

1

4 000

4 000

Main d’œuvre

hj

3

2 500

7 500

Total investissement pour 4 gabions




178 500

Coût du gabion par m3 mis en place




44 625

Le coût du mètre cube de gabions mis en œuvre peut varier de 40 000 à 50 000 FCFA.


7. Durée de vie

La durée de vie de l’ouvrage dépend de la régularité et la qualité de l’entretien aussi du degré de dégradation du bassin versant et peut atteindre 10 ans


Références bibliographiques

  • CILSS, PAC, 1989. Le Sahel en lutte contre la désertification – Leçon d’expériences. 590 pages
  • DDGR Zinder, 1993. Problèmes physiques de l’environnement et les diagnostics en matière de CES/DRS. 65 pages
  • Dieter Nill, Dorlöchter-Sulser Sabine, Mamadou A.S. 2014. Digue filtrante au Burkina Faso. Wocat
  • PGRCI – Mali 2018. Technologie de Digue filtrante.
  • Secrétariat d’Etat aux Affaires Etrangères, 1974. Les ouvrages en gabions (Techniques rurales en Afrique). 121 pages.
  • Ambouta Karimou J.M., 2019. Notes de cours : technique contre l’érosion hydrique. Licence Faculté des Sciences Agronomiques, université de Tahoua. 162 diapositives.