Demi-lune multifonctionnelle agrosylvopastorale (En expérimentation)

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La demi-lune multifonctionnelle agrosylvopastorale (DLMAS) est un ouvrage antiérosif constitué d’une cuvette, d’une petites tranchées aval de désengorgement, de la fosse de captage, d’un trou de plantation d’arbres et des Zaï externes à la digue (bourrelet), creusé perpendiculairement à la ligne de plus grande pente pour intercepter et infiltrer les eaux de ruissellement.

Image d’une demi-lune multifonctionnelle agrosylvopastorale à Tahoua (Photo PAM)

1. Objectifs

La pratique de la demi-lune multifonctionnelle agrosylvopastorale vise à :

• Capter l’eau de ruissellement et favoriser son infiltration ;
  
• Réduire l’érosion hydrique et provoquer la sédimentation ;
  
• Récupérer des terres ;
  
• Réhabiliter la productivité des terres dénudées, encroutées et indurées ;
  
• Augmenter les superficies cultivables et le rendement des cultures.
  

2. Contexte/Conditions du milieu

Les demi-lunes multifonctionnelles agrosylvopastorales sont réalisables sur des sols indurés et encroûtés des zones agro écologiques aride et semi-aride. Elles s’appliquent sur des sols aux pentes plus fortes que celles de l’application des demi-lunes multifonctionnelles (pente supérieure à 3%).

3. Etapes de mise en œuvre

• Déterminer les courbes de niveau à l’aide d’un niveau à eau ou d’un compas à niveau ou par un levé topographique ;
  
• Tracer les courbes de niveaux ;
  
• Tracer l’emplacement des cuvettes à l’aide d’un compas ;
  
• Marquer les points de Zaï externes ainsi que ceux de la tranchée de désengorgement et de la fosse de captage ;
  
• Creuser la tranchée de désengorgement ;
  
• Ouvrir la cuvette d’exploitation, les Zaï et le trou de plantation à la pioche et à la pelle ;
  
• Évider la terre de l’intérieur de la cuvette, des trous Zaï des tranchées et ; 
  
• Déposer la terre en un bourrelet semi-circulaire séparant les trous des Zaï externes des tranchées ;
  
• Protéger les extrémités des bourrelets autant que possible par des moellons pour éviter l’érosion lors des débordements ;
  
• Marquer et réaliser les trous de plantation.
  

❖  Caractéristiques techniques
      Les normes techniques de la DLMAS sont :

-    Diamètre de la DLMAS : 4 m ;
-    Hauteur bourrelet : 0,30 à 0,40 m de haut et 0,60 à 0,75 m de base ;
-    Écartement sur la ligne de niveau : 4 m soit 12,5 DLMAS /100 m ;
-    Écartement entre les lignes : 5 m soit environ 20 lignes/100m ;
-    Emprise de chaque DLMAS (sa section et son impluvium) : 4 m x 10 m = 40 m² ;
-    Densité : 12,5 x 20 = 250 DLMAS/ha ;
-    Disposition des DLMAS : en quinconce ;
-    Fosse de captage rectangulaire de 2 m x 0,5 m et profondeur 0,4 m à 0,5 m ;
-    Tranchée de désengorgement de 0,30 m de large et 0, 30 m de profondeur ;
-    Cuvette d’exploitation de 15 cm de profondeur avec remplissage de 5 cm de composte ;
-    Zaï externes : Diamètre 0,3 à 0,40 m ; Profondeur : 0,30 m avec remplissage de 0,15 m avec du compost ou du fumier ; Espacement 0,8 m à 1 m ;
-    Normes d’exécution de l’ouvrage : 1 DLMAS/H.j
-    Densité des Zaï externes : 7 à 9 par DLMAS.

Illustrations en plan et en coupes d’une demi-lune multifonctionnelle agrosylvopastorale (photo PAM)

❖  Formation des communautés et organisation du chantier :

Les communautés villageoises travaillant sur le chantier doivent être formées sur le respect des normes techniques des DLMAS.
Le modèle d’organisation le plus rencontré comprend un chef chantier, un contrôleur ou pointeur, des équipes de traceurs et autres participants organisés en équipe de 10 à 22 personnes. Chaque équipe est dirigée par un chef d’équipe. Le contrôleur ou pointeur supervise 5 équipes et vérifie le respect des normes technique des ouvrages confectionnés.

❖  Matériel technique

Le matériel nécessaire : niveau à eau, pelle, pioche, Equipement de Protection Individuelle (EPI), compas métallique ou en bois de rayon 3 m, corde de 100 m.

❖  Mise en valeur des ouvrages :

Les demi-lunes à tranchée multiples sont mises en valeur en plantant des arbres d’au moins 30 cm de hauteur dans chaque trou de plantation de la tranchée soit 2 à 3 plants par ouvrage d’où une densité de plants à l’hectare variable de 500 à750 plants/ha. La partie amont du bourrelet ainsi que les Zaï internes et externes sont mis en culture. 

             

4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

• Remettre en état les bourrelets détruits ;
  

• Curer les tranchées et les Zaï ;
  

• Corriger les erreurs d’orientation et d’espacement sur les ouvrages et faire un renforcement de l’amendement organique par le compost. La réparation doit être faite avant le début de la saison des pluies puis après chaque grande pluie (plus de 100 mm) ;
  

• Poursuivre la revégétalisation des ouvrages au moyen du regarnis ;
  

• Garder le site traité durant 3 ans. Le ratio le plus rencontré est d’un gardien pour 15 ha ;
  

• Mettre en place un comité de gestion (COGES) du site ;
  

• Elaborer un plan d’aménagement et de gestion du site restauré (PAGSR).

  
  

5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Mobilisation des eaux de ruissellement ; -        Recharge de la nappe phréatique ; -        Amélioration de la structure des sols ; -        Récupération des terres encroûtées à des fins d’usages agricole et sylvicole ; -        Production polyvalente ; -        Pallier le risque d’arrêt précoce des pluies ; -        Pallier les problèmes d’engorgement, de pourrissement des semis et d’asphyxie des cultures constatés dans les DL classiques  -        Séquestration du carbone ; -        Accroissement de la productivité agricole ; -        Adaptation aux sols peu profonds et indurés ;  -        Amélioration du rendement de la production agricole.

-        Exigence d’un entretien régulier ; -        Exigence d’une importante main d’œuvre ; -        Exigence d’une mise en défens ; -        Ouvrage en expérimentation ; -        Risque de blessure des animaux en divagation ; -        Exigence d’une quantité importante de fumure organique ; -        Exigence de beaucoup de temps et de technicité.

6. Coûts de la technique

Coût de la technique à l'hectare 

Rubriques	Unité	Quantité	Prix unitaire (FCFA)	Montant (FCFA)
Main d’œuvre planification et traçage	H/j	4	2 000	8 000
Main d’œuvre confection des ouvrages	H/J	250	2 000	500 000
Plants forestiers	Plants	750	100	75 000
Transport et plantation	Plants	750	100	75 000
Kit petit matériel (daba, pioche, pelle, compas, niveau d'implantation, corde…etc.)	FF1*	1	3 500	3 500
Equipement de Protection Individuelle (EPI) Gants, bottes, masques)	FF2*	1	300	300
Regarnis en 2eme année : achat, transport et plantation	Plants	250	200	50 000
Gardiennage (sur 3 ans)	H/an	3	20 000	60 000
Encadrement	H/j	1	7 000	7 000
Total investissement				778 800

NB: Ces coûts sont indicatifs et peuvent varier suivant les contextes
    •    1* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un kit matériel (pelles, pioche,      daba, corde niveau à eau, etc.) coûtant 350000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an ;
     •    2* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un EPI (gants, bottes, masques, etc.) coûtant 30000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an.

7. Durée de vie

La durée de vie d’une demi-lune multifonctionnelle agrosylvopastorale est de 2 à 5 ans. La vitesse de sédimentation conditionnera le surcreusement des tranchées et des zais de l’ouvrage.

Références bibliographiques

• CILSS. 2012. Bonnes pratiques agro-sylvo- pastorales d’amélioration durable de la fertilité des sols au Burkina Faso. 194p.
  
• WFP, 2019. Standards et variations techniques sur des activités CES/DRS - milieux arides/semi-arides. Cahier de terrain nr.1 (exercice de travail) Dakar (Sénégal). 32p.