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  Zaï agricole

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Le Zaï agricole (ZA) est une méthode traditionnelle de récupération des terres dégradées en provoquant une modification de la structure du sol par un apport localisé de fumure organique dans une petite excavation (Zaï ou Tassa) qui permet de reconstituer la capacité d’infiltration de l’eau de ruissellement capturée dans l’ouvrage et de sécuriser la production agricole. 

Tassas préparer dans la région de Tahoua. La matière organique est déjà placée (Photo - RECA).png
Tassas préparer dans la région de Tahoua. La matière organique est déjà placée (Photo : RECA)


1. Objectifs

La technique de zaï agricole vise à :
  • Favoriser l’infiltration sur les sols imperméables ;
  • Obtenir des récoltes normales voire plus élevées sur des terres encroutées des zones soudanienne et sahélienne ;
  • Augmenter l’infiltration et le stock d’eau du sol ;
  • Collecter les eaux et les mettre à la disposition de la culture ;
  • Récupérer les terres encroûtées et les mettre en valeur ;
  • Améliorer l'utilisation et l'aération du sol ;
  • Améliorer la fertilité des sols par le piégeage de particules fines apportées par les eaux de ruissellement et le vent.

Zaï cultivé en mil et niébé dans le terroir de Badaguichiri, Tahoua (photo Guéro Yadji).pngZaï cultivé en mil et niébé dans le terroir de Badaguichiri, Tahoua (photo Guéro Yadji)


2. Contexte/Conditions du milieu

Les Zaï agricoles sont applicables dans les zones soudanienne et sahélienne où les sols ont été dégradés par l’action de l’érosion hydrique et sont donc devenus incultes. Ces sols sont généralement nus, encroûtés et indurés et génèrent beaucoup de ruissellement. Ils sont généralement installés sur des terrains à pente faible (inférieure ou égale à 3%) dont les sols ne sont ni très sableux ni très argileux. Le Zaï agricole est pratiqué sur les terres destinées aux cultures pluviales.


3. Etapes de mise en œuvre

- Repérer le sens général d’écoulement des eaux des pluies puis construire une 1ère courbe de niveau ; 

- Ouvrir les Zaï pendant la saison sèche (de fin octobre à mars), sur cette 1ère courbe de niveau en prenant soin de déposer la terre en croissant vers l’aval du creux c’est-à-dire dans le sens de l’écoulement ;
 
-  Passer à la ligne suivante en aval de la 1ère en veillant à la disposition en quinconce et ainsi de suite jusqu’en bas de la pente.

- Apporter environ 300 g de fumier ou de compost (une poignée d'adulte) par Zaï immédiatement après la confection de l’ouvrage et recouvrir par une petite couche de terre ;

-  Semer les graines de céréales après les premières pluies (au moins 20 mm).


Repérer le sens général des eaux et déterminer
la courbe de niveau

Repérer le sens général des eaux et déterminer la courbe de niveau













Réaliser les Zaïs sur la 1ère courbe de niveau et passer ainsi de suite aux lignes suivantes en aval de la 1ère en veillant à la disposition en quinconceRéaliser les Zaïs sur la 1ère courbe de niveau et passer ainsi de suite aux lignes suivantes en aval de la 1ère en veillant à la disposition en quinconce










❖  Caractéristiques techniques
      Dimension du Zaï Agricole :

-    Diamètre :     30 à 40 cm ;
-    Profondeur :     20 à 30 cm ;
-    Ecartement :     1 m sur la ligne et entre lignes ;
-    Disposition :     en quinconce ;
-    Densité :     10000 Zaï /ha ; 
-    Période de réalisation :     Pendant la saison sèche ;
-    Normes d’exécution :     100 à 120Zaï/H/j

Diamètre et disposition du bourrelet

Profondeur du Zaï

Disposition en quinconce et distance entre les lignes

Diamètre et disposition du bourrelet Profondeur du Zaï Disposition en quinconce et distance entre les lignes

Vue générale de la disposition des Zaïs (Sani M A G)
Vue générale de la disposition des Zaïs (Sani M A G)

❖  Matériel technique :

Le matériel nécessaire : Daba, pelle, tasse, niveau à eau ou à bulle, Equipement de Protection Individuelle (EPI) : Bottes et gants et masques.


❖  Mise en valeur des ouvrages :

Les Zaï agricoles sont mis en cultures simple ou en association. 
Quantité de fumier : Fumure organique : 200 à 400 g de fumure/ZA soit en moyenne 3 t/ha ;
Densité de semis : 1 poquet/Zaï ;
Le rendement en grains : 830 kg à 1200 kg/ha de mil (Abdourahamane G. 2019).

Mil cultuvé dans du Zai agricole dans la région de Tillabéri.png                                                Mil cultuvé dans du Zai agricole dans la région de Tillabéri

4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

  • Désherber les poquets au moins deux fois par cycle de culture pour éviter l’expansion des mauvaises herbes ;
  • Semer dans les mêmes cuvettes la deuxième année.
  • Elaborer un cahier de charge avec les propriétaires terriens.


5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages Inconvénients/contraintes

- Piégeage dans les cuvettes des matières organiques déplacées par les vents améliorant ainsi la fertilité des sols ;

- Efficacité de récupération des terres dégradées et encroûtées dans un délai court ; 

- Infiltration et stockage d'eau en profondeur ce qui diminue les pertes par évaporation et favorise la recharge de la nappe ; 

- Amélioration significative des rendements (multiplication possible des rendements par huit par rapport au témoin) ;

- Sarclage limité au poquet réduisant la main d’œuvre pour l’entretien des cultures ;

-  Valorisation optimale du fumier par une application localisée ;

-  Levée précoce et enracinement profond favorisant le rendement en céréale ;

-  Séquestration du Carbone.

-  Facilité d’appropriation par la population.

- Exigence d’importantes quantités de matière organique de bonne qualité ;

- Risque d’asphyxie des jeunes plants en cas de fortes précipitations ; 

-  Risques d'attaque des plants par des termites attirées par le fumier quand il est mis tardivement.



6. Coûts de la technique

Coût de la technique de Zaï agricole à l'hectare 

Rubriques

Unité

Quantité

Prix unitaire (FCFA)

Montant (FCFA)

Main d’œuvre confection des ouvrages

H/J

100

2 000

20 0000

Fumier

Tonne

3

15 000

45 000

Kit petit matériel (daba, pioche, pelle, niveau d'implantation, corde…etc.)

FF1*

1

3 500

3 500

Equipement de Protection Individuelle (EPI) : Bottes et gants, masques

FF2*

1

300

300

Encadrement

H/j

1

7 000

7 000

Total investissement

 

 

 

    255 800

NB: Ces coûts sont indicatifs et peuvent varier suivant les contextes
    •    1* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un kit matériel (pelles, pioche,      daba, corde niveau à eau, etc.) coûtant 350000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an ;
     •    2* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un EPI (gants, bottes, masques, etc.) coûtant 30000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an.


7. Durée de vie

La durée de vie d’un Zaï agricole est d’un an. Après ce temps, il faut les recreuser au même endroit pour permettre aux impluviums de continuer à jouer leurs rôles et renouveler la matière organique.


Références bibliographiques

  • Ministère du Développement Agricole (MDA), 2006. Recueil des fiches techniques en gestion des ressources naturelles et de productions agro-sylvo-pastorales, Niamey, Niger, Programme d’Actions Communautaires (PAC). 270 p.
  • Ministère de l’environnement et du cadre de vie (Burkina Faso), 2011, Etude sur les meilleures pratiques de gestion durable des terres, Rapport Final, GRAD Consulting Group. 160 p.
  • Ministère de l'environnement et de l’eau (Burkina Faso), 2001. Manuel de foresterie villageoise. Ouagadougou Burkina Faso. DFVAF / JICA. 67 p.
  • Abdourahamane G. 2019.  Effets des zaïs sur la productivité des terres dégradées dans la grappe de Dargué (Guidan Roumdji) au Niger. In Partenariat scientifique réunir - PAM : Apports de la recherche pour un changement de paradigme Dans l’opérationnalisation de l’approche résilience au sahel.  USAID et BMZ. 21-25.