Demi-lune sylvopastorale

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Les demi-lunes sylvopastorales sont des cuvettes en forme de demi-cercle creusées perpendiculairement à la ligne de la plus grande pente et ouvertes vers l’amont pour intercepter et infiltrer les eaux de ruissellement, ensemencées d’herbacées et plantées par des essences forestières généralement fourragères.

1. Objectifs

La pratique de la demi-lune sylvopastorale vise à :

• Capter l’eau de ruissellement et favoriser son infiltration ;
• Réduire l’érosion hydrique et provoquer la sédimentation ;
• Accroitre la production fourragère ;
• Récupérer les terres dénudées, encroûtées et indurées à des fins sylvo-pastorales.
  

2. Contexte/Conditions du milieu

Les demi-lunes sylvopastorales sont des pratiques utilisées en zones saharo-sahélienne (pluviométrie < 300 mm), sahélienne (300 à 400 mm) et sahélo-soudanienne avec une pluviométrie (400 à 600 mm).
Les demi-lunes sylvopastorales sont indiquées sur des terres dégradées de plateau et glacis (pente 0 à 3%) à sol limoneux ou limono-sableux, induré et encroûté. Elles sont proscrites sur des glacis ensablés. Les demi-lunes sylvopastorales sont conçues pour la production sylvicole et sylvopastorale (ligneux fourragers).

3. Etapes de mise en œuvre

• Déterminer les courbes de niveau à l’aide d’un niveau à eau ou à bulle ou un fil à plomb ou par un levé topographique ;
• Tracer les courbes de niveaux ;
• Tracer l’emplacement des cuvettes des ouvrages à l’aide d’un compas à niveau ;
• Ouvrir la cuvette de la forme d’un demi-cercle à la pioche et à la pelle ;
• Évider la terre de l’intérieur du demi-cercle sur une profondeur de 0,15 à 0,30 m selon l’épaisseur de la couche de sol au-dessus de la cuirasse ou de la nappe de gravats afin de constituer la cuvette ;
• Déposer la terre de déblai en un bourrelet semi-circulaire au sommet aplati, côté aval à environ 30 cm de la cuvette;
• Protéger le pied aval du bourrelet les extrémités des bourrelets autant que possible par des cailloux pour éviter l’érosion lors des débordements ;
• Procéder à la trouaison ;
• Période de réalisation : fin octobre à mars.
  

❖  Caractéristiques techniques
      Les normes techniques de la DLSP sont :

-    Diamètre : 4 m ;
-    Profondeur : 0,15 à 0,30 m ;
-    Hauteur bourrelet : 0,30 à 0,40 m ;
-    Écartement sur la ligne de niveau : 4 m soit 12,5 DLSP/100 m
-    Écartement entre les lignes : 4 m ;
-    Emprise de chaque DL et de son impluvium : 4 m x 8 m = 32 m² ;
-    Densité : 312,5 DLSP/ha ;
-    Disposition des DL : en quinconce.
-    Trouaison : 0,4 m de diamètre et 0,4 m de profondeur ;
-    Norme d’exécution : 2 à 3 DLSP/homme-jour.

Dimensions de la demi-lune sylvopastorale (Illustration : Dr Sani M AG)

❖  Formation des communautés et organisation du chantier :

Les communautés villageoises travaillant sur le chantier doivent être formées sur le respect des normes techniques de confection des DLSP.
Le modèle d’organisation recommandé comprend : un chef chantier, un contrôleur ou pointeur, des équipes de traceurs et autres participants organisés en équipe de 10 à 22 personnes. Chaque équipe est dirigée par un chef d’équipe. Le contrôleur ou pointeur supervise 5 équipes et vérifie le respect des normes technique des ouvrages confectionnés.

❖  Matériel technique

Le matériel nécessaire : niveau à eau ou à bulle ou fil à plomb, pelle, pioche, Equipement de Protection Individuelle (Bottes et gants), compas métallique ou en bois de rayon 2 m, corde de 100 m.

❖  Mise en valeur des ouvrages :

Les demi-lunes sylvopastorales sont mises en valeur par des plants et de la semence herbacée.
Les espèces herbacées fourragères utiliséespour l’ensemencement sont entre autres : Senna tora ; Eragrostis tremula ; Brachiaria ramosa ; Alysicarpus ovalifolius ; Andropongayanus ; Dactyloctnium aegyptium ; Schoenfeldia gracilis ; Ctenium elegans ; Cymbopogon giganteus ; Cymbopogon schoentus ; Aristida adscensionis ; Pennisetum pedicellatum.
Chaque DLSP reçoit en épandage dans le fond de la cuvette et sur le bourrelet de la semence-paille d’herbacées immédiatement après sa réalisation et des plants forestiers hors excavation dans des trous de plantation à raison d’un plant au centre ou de 3 plants entre l’excavation et le bourrelet soit une densité de 313 à 939 plants/ha dès que l’ouvrage a reçu suffisamment d’eau.
Rendement en biomasse herbacée (variable avec l’âge de l’ouvrage) : 1100 à 3300 kg/ha

Demi-lune sylvopastorale sur le site de Sadeizé Kouara (Simiri) à gauche et site de Badaguichiri à droite
(photo Souleymane C. A)       
          

4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

• Suivi de comportement des ouvrages après chaque grande pluie ;

• Réparer les bourrelets détruits ;

• Poursuivre la révégétalisation des ouvrages au moyen du regarnis ; la réparation doit être faite après chaque grande pluie. Le regarnis doit être réalisé après l’installation effective de la pluie ;

• Gardiennage du site traité durant 3 ans. Le ratio le plus rencontré est d’un gardien pour 15 ha ;

• Mise en place d’un comité (COGES) du site ;

• Elaboration d’un plan d’aménagement et de gestion du site restauré (PAGSR).

• Signer une convention locale entre la population bénéficiaire (groupe exploitant le site) et les collectivités territoriales.
  
  

5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages	Inconvénients/contraintes
-        Mobilisation des eaux de ruissellement ; -        Recharge de la nappe phréatique ; -        Amélioration de la structure des sols ; -        Récupération des terres encroûtées à des fins sylvo-pastorales ; -        Augmentation de la production fourragère ; -        Séquestration du carbone après la mise en valeur.	-        Exigence d’un entretien régulier et de gardiennage ; -        Exigence d’une importante main d’œuvre.

6. Coûts de la technique

Coût de la technique à l'hectare 

Rubriques	Unité	Quantité	Prix unitaire (FCFA)	Montant (FCFA)
Main d’œuvre planification et traçage	H/j	4	2 000	8 000
Main d’œuvre confection des ouvrages	H/J	105	2 000	210 000
Achat plants forestiers	Plants	313	100	31 300
Transport et plantation	Plants	313	100	31 300
Kit petit matériel (daba, pioche, pelle, compas, niveau d'implantation, corde…etc.)	FF1*	1	3 500	3 500
Equipement de Protection Individuelle (EPI) : (bottes, gants et masques)	FF2*	1	300	300
Ensemencement herbacée (semence graines)	Kg	5	5 000	25 000
Epandage	H/j	1	2 000	2 000
Regarnis en 2ème année : achat, transport et plantation	H/j	104	200	20 800
Gardiennage (sur 3 ans)	H/an	3	20 000	60 000
Encadrement	H/j	1	7 000	7 000
Total investissement				399 200

NB: Ces coûts sont indicatifs et peuvent varier suivant les contextes
    •    1* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un kit matériel (pelles, pioche,      daba, corde niveau à eau, etc.) coûtant 350000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an ;
     •    2* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un EPI (gants, bottes, masques, etc.) coûtant 30000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an.

7. Durée de vie

La durée de vie de la demi-lune sylvopastorale peut excéder 5 ans du fait de la stabilisation des bourrelets par l’ensemencement d’herbacées.

Références bibliographiques

• Ministère du Developpement Agricole (MDA), 2006. Recueil des fiches techniques en gestion des ressources naturelles et de productions agro-sylvo-pastorales, Niamey, Niger, Programme d’Actions Communautaires (PAC). 270 p.
• Abdou A., Abdoulahi S. C., Tidjani M. A., Hassimi M. S., Sabra A. K. A., Soulé A. E. et Kaire M. 2019. Économie de la dégradation des terres à Tahoua, Niger. Analyse coût-bénéfice des activités de récupération des terres (banquettes, demi-lunes et cordons pierreux) des quatre sites de la commune rurale de Badaguichiri. Un rapport de l´Initiative ELD dans le cadre du projet « Inverser la dégradation des terres en Afrique par l’adoption à grande échelle de l’agroforesterie » 40 p. Disponible sur www.eld-initiative.org
• Abdourahamane G. 2019. Effets des demi-lunes sur le potentiel pastoral dans le secteur de allakaye, département de bouza : Cas des sites de karkara et kaché. In Partenariat scientifique reunir - PAM : Apports de la recherche pour un changement de paradigme Dans l’opérationnalisation de l’approche résilience au sahel.  USAID et BMZ. 32-37 pp.