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  Banquette sylvopastorale

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La banquette sylvopastorale (BSP) est une longue excavation disposée sur la courbe de niveau et munie d’ailes orientées vers l’amont du versant. Elle se compose d’un bourrelet à l’aval et d’un fossé à l’amont muni de deux ailes dont l’espace entre les ailes est ensemencé d’herbacées et le long des bordures duquel sont plantés des arbres fourragers.

Banquette sylvopastorale scarifiée et ensemencée.png
Banquette sylvopastorale scarifiée et ensemencée


1. Objectifs

Les objectifs visés par la banquette sylvopastorales sont :
  • Lutter contre l’érosion hydrique et favoriser la sédimentation ;
  • Réduire l’érosion hydrique et créer un système de collecte des eaux de pluie ;
  • Assurer la disponibilité en eau des plantes et augmenter la production fourragère ;
  • Augmenter la disponibilité des terres pour la production fourragère et sylvicole sur les plateaux dégradés ;
  • Favoriser la recharge de la nappe phréatique.


2. Contexte/Conditions du milieu

Les banquettes sylvopastorales sont des technologies utilisées pour récupérer les terres des plateaux, dépourvues de végétation, encroutées et indurées sous l’effet d’une forte érosion hydrique et éolienne.
Les banquettes sylvopastorales sont conçues pour la production fourragère.


3. Etapes de mise en œuvre

Les étapes de la mise en œuvre sont :
  • Filage de courbe de niveau ;
  • Traçage de la base de la banquette ; 
  • Traçage et ouverture du fossé de la banquette ;
  • Construction, avec la terre sortie du fossé, de la diguette ou bourrelet en aval ; 
  • Compactage manuel et revêtement de toute la diguette ;
  • Scarifiage de l’espace entre les ailes ;
  • Trouaison pour plantation ;
  • Période de réalisation : décembre à mai.
❖  Caractéristiques techniques

-    Longueur de la base : 60 m ;
-    Longueur de l’aile : 15 m ;
-    Largeur de la base du bourrelet : 2,5 m ;
-    Hauteur du bourrelet : 0,60 m ;
-    Largeur du sommet du bourrelet : 1 à 1,5 m ;
-    Largeur du fossé : 2 m ;
-    Profondeur du fossé : 0,20 à 0,50 m ;
-    Écartement entre les ouvrages sur la ligne de niveau : 6 m soit 1,51 BSP/100 m ;
-    Écartement entre les lignes de banquettes (fonction de la pente et de la nature du sol) : 40 m soit 2,5 BSP/100 m ;
-    Densité : 4 BSP/ha : avec l’écartement de 40 m, le nombre de BSP/ha est de 1,51 x 2,5 = 3,77 ≈ 4 ; 
-    Disposition des BSP : en quinconce
-    Norme d’exécution : 1 banquette pour 8 H/j

Schéma d’une banquette sylvo-pastorale (Illustration Dr Sani MAG).pngSchéma d’une banquette sylvo-pastorale (Illustration Dr Sani M.A.G.)

Schéma de la disposition en quincoce des banquettes et dimensions (Illustration Dr Sani MAG).png
Schéma de la disposition en quincoce des banquettes et dimensions (Illustration Dr Sani M.A.G.)

Les espèces herbacées et ligneuses fourragères utilisées pour l’ensemencement sont entre autres : Senna tora, Eragrostis tremula, Brachiaria ramosa, Alysicarpus ovalifolius, Andropogon gayanus, Dactyloctnium aegyptium, Schoenfeldia gracilis, Ctenium elegans, Cymbopogon giganteus, Cymbopogon schoenanthus, Aristida adscensionis, Pennisetumpedicellatum, Laptadenia hastata.

Schéma d’une banquette avec distance entre les plantations (Illustration Dr Sani MAG).png
Schéma d’une banquette avec distance entre les plantations (Illustration Dr Sani M.A.G.

❖  Formation des communautés et organisation du chantier :
Les communautés villageoises travaillant sur le chantier doivent être formées sur le respect des normes techniques des BSP.
Le modèle d’organisation le plus rencontré comprend un chef chantier, un contrôleur ou pointeur, des équipes de traceurs et autres participants organisés en équipe de 10 à 22 personnes. Chaque équipe est dirigée par un chef d’équipe. Le contrôleur ou pointeur supervise 5 équipes et vérifie le respect des normes techniques des ouvrages confectionnés.

❖  Matériel technique

Le matériel nécessaire : niveau à eau ou à bulle, dame, pelle, pioche, Equipement de Protection Individuelle (EPI): Bottes, gants et masques.

❖  Mise en valeur des ouvrages :

Les banquettes sylvopastorales sont mises en valeur avec des semences herbacées et des plants d’au moins 30 cm de hauteur. L’ensemencement des herbacés est réalisé entre les deux ailes de l’ouvrage après scarifiage (par épandage des semences-pailles de préférence pour attirer les termites qui favoriseront l’infiltration et l’incorporation au sol de la matière organique) et les plants fourragers sont plantés dans la partie amont ou aval du fossé avec une préférence sur la partie aval. Il est recommandé de planter à 30 cm en amont ou en aval du fossé pour éviter l’asphyxie des plants. Mais, il est préférable de planter entre le fossé et le bourrelet. L’écartement entre les plants varie en fonction des espèces, il est en général de 4 à 5 m.

Développement de la biomasse herbacée dans une banquette sylvopastorale  (Photo Ambouta JMK).pngDéveloppement de la biomasse herbacée dans une banquette sylvopastorale 
(Photo Ambouta J.M.K)
              

4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

  • Examiner les banquettes après chaque forte pluie ;

  • Réparer immédiatement les éventuels dommages constatés notamment les zones de fuite ;

  • Reconstruire les crêtes à leur hauteur d’origine après chaque saison ou quand son niveau est atteint par le dépôt alluvial ; 

  • Renforcer le revêtement en moellons si possible ;

  • Mettre en place un comité de gestion (COGES) du site ;

  • Elaborer un plan d’aménagement et de gestion du site restauré (PAGSR) ;

  • Signer une convention locale entre la population bénéficiaire (groupe d’exploitant) et les collectivités territoriales.

  • Mettre en place un système de gardiennage ;

  • Commencer l’exploitation du fourrage herbacé et des semences-pailles à partir de la 2ème année.

5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

      -    Augmentation des superficies agro-sylvicoles ;
-    Augmentation des productions agro-sylvicoles ;
-    Recharge de la nappe phréatique ;
-    Lutte contre l’érosion hydrique ;
-    Conservation des sols sur les terrains en pente ;
-    Réduction du risque d’inondation à l’aval ;
-    Séquestration du carbone. 

      -    Exigence d’un entretien régulier ;
-    Exigence d’une forte main d’œuvre.
-    Exigence d’un travail mécanique.


6. Coûts de la technique

Coût de la technique à l’hectare

Rubriques

Unité

Quantité

Prix unitaire (FCFA)

Montant (FCFA)

Main d’œuvre planification et traçage

H/j

4

2 000

8 000

Main d’œuvre confection des ouvrages

H/J

48

2 000

96 000

Main d’œuvre Trouaison

Unité

­96

50

4 800

Scarifiage profond

Unité

04

1 000

4 000

Plants forestiers

Plants

96

100

9 600

Transport et plantation

Plants

96

100

9 600

Kit petit materiel (daba, pioche, pelle, niveau d'implantation, corde…etc.)

FF1*

1

3 500

3 500

Equipement de Protection Individuelle (EPI) Gants, bottes, masque,

FF2*

1

300

300

Regarnis en 2ème année : achat, transport et plantation

Plants

80

200

16 000

Gardiennage (sur 3 ans)

H/an

3

20 000

60 000

Semence herbacée

Kg

5

5 000

25 000

Epandage

H/j

1

2 000

2 000

Encadrement

H/j

1

7 000

7 000

Total investissement

 

 

 

245 800

NB: Ces coûts sont indicatifs et peuvent varier suivant les contextes
    •    1* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un kit matériel (pelles, pioche,      daba, corde niveau à eau, etc.) coûtant 350000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an ;
     •    2* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un EPI (gants, bottes, masques, etc.) coûtant 30000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an.


7. Durée de vie

La durée de vie fonctionnelle d’une banquette sylvopastorale est de 10 ans au moins si elle bénéficie d’un entretien régulier. En situation de comblement, l’ouvrage peut être surcreusé.


Références bibliographiques

  • Ministère du Développement Agricole (MDA), 2006. Recueil des fiches techniques en gestion des ressources naturelles et de productions agro-sylvo-pastorales, Niamey, Niger, Programme d’Actions Communautaires (PAC). 270 p. 
  • Programme d’Appui à la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (AGIRE), GIZ, 2019. Catalogue des bonnes pratiques de collecte et de valorisation des eaux pluviales240 p ; en ligne disponible à travers le lien : http://agire-maroc.org/DocBiblio/Catalogue-GIZ-BP-CEP.pdf