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  Muret en pierres

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Le muret en pierres est un ouvrage antiérosif qui consiste en un entassement de pierres suivant les courbes de niveau sur des pentes fortes là où les cordons pierreux et diguettes sont inefficaces pour lutter mécaniquement contre l’érosion.
Murets en pierres dans la région de Tillabéri  (Photo - A K SABRA).jpg Muret en pierres dans le terroir de Tounga Akaye (Tahoua) (photo Mahamadou M H).jpg
Murets en pierres dans la région de Tillabéri 
(Photo : A. K. SABRA)
Muret en pierres dans le terroir de Tounga Akaye (Tahoua) (photo Mahamadou M. H)


1. Objectifs

  • Ralentir l’eau de ruissellement et protéger les terres de vallées en aval contre l’érosion ;
  • Favoriser l’infiltration de l’eau ;
  • Servir d’appui à la création de terrasses ;
  • Améliorer la fertilité des sols ; 
  • Restaurer les sols dénudés, encroûtés et compactés ;
  • Recharger les nappes phréatiques.


2. Contexte/Conditions du milieu

Les murets en pierre sont des ouvrages antiérosifs constitués de pierres alignées suivant les courbes de niveau. Ils sont généralement réalisés sur les versants de plateaux, flancs de collines et flancs de buttes résiduelles à pente forte (> 3%).


3. Etapes de mise en œuvre

  • Déterminer les courbes de niveau à l’aide d’un niveau à eau ou par un levé topographique et à commencer par déterminer le point le plus haut de la zone à aménager ;
  • Tracer les courbes de niveaux ;
  • Ouvrir les tranchées d’ancrage suivant les courbes de niveau selon les dimensions à l’aide de la pioche et la pelle ;
  • Évider la terre de l’intérieur des tranchées sur une profondeur de 20 cm afin de permettre de bien fixer le muret dans le sol ; 
  • Déposer la terre du côté aval de la tranchée ;
  • Constituer le muret par superposition dans la tranchée de rangées de pierres avec les grosses pierres pour le bas étage, les moyennes pour le moyen étage et les petites pour le sommet de l’étage ; 
  • Ramener la terre et damer pour consolider l’assise du muret ; Faire la trouaison pour la plantation ;
  • Faire la trouaison pour la plantation.

❖  Caractéristiques techniques

-    La tranchée d’ancrage suivant la courbe de niveau :
     •    Largeur base du muret : 80 cm ;
     •    Profondeur : 20 cm 
-    Le muret :
      •    Hauteur du muret : 50 cm ;
      •    Longueur du muret : 50 m ;
      •    Largeur de la base : 80 cm ;
      •    Largeur du sommet du muret : 40 cm ;
      •    Ecartement entre muret sur la ligne : 5 m.
      •    Ecartement entre lignes de murets varie de : 10 à 20 m selon la pente.
-    La longueur de murets à l’hectare :
      •    Si l’écartement entre lignes de murets est de 10 m : Densité = 900 ml/ha ;
      •    Si l’écartement entre lignes de muret est de 20 m : Densité = 450 ml/ha.
      •    Disposition des murets sur le versant : linéaire.
      •    Rendement : 2ml/Hj.

Caractéristiques techniques d’un muret en pierres (Ambouta JMK).png Réalisation de muret en pierres dans la région de Tahoua.jpg
Caractéristiques techniques d’un muret en pierres
(Ambouta J.M.K)
Réalisation de muret en pierres dans la région de Tahoua

❖  Formation des communautés et organisation du chantier
:

Les communautés bénéficiaires seront formées sur le respect des normes techniques de confection des murets.
Le modèle d’organisation recommandé comprend : un chef chantier, un contrôleur ou pointeur, des équipes de traceurs) et autres participants organisés en équipe de 10 à 20 personnes par hectare. Chaque équipe est dirigée par un chef d’équipe. Le contrôleur ou pointeur supervise les équipes et vérifie le respect des normes technique des ouvrages confectionnés.


❖  Matériel technique

Compas et niveau à maçon, piquets, marteaux, pioches, pelles, barre à mine, pics, daba, Equipement de Protection Individuelle (EPI) ; Bottes et gants ; Brouettes, charrettes ou camions, tracteurs, etc.

❖  Mise en valeur des ouvrages :

Muret à Toudoun Adaraoua, décembre 2017 (Site ProDAF).jpg

Les murets sont mis en valeur par ensemencement des herbacées et/ou par plantation avec des ligneux d’au moins 30 cm de hauteur. Les plants sont généralement plantés dans la partie amont de l’ouvrage à 50 cm de la ligne du muret à raison de 10 à 13 plants par ouvrage selon un écartement de 4 à 5 m entre les plants. La densité de plants à l’hectare varie de 180 à 225 plants/ha sur pente forte et de 90 à 113 plants sur pente faible.
Les espèces les utilisées sont Acacia seyal, Acacia senegal, Acacia laeta, Acacia nilotica var astreingens, Salvadora persica.


Muret à Toudoun Adaraoua, décembre 2017 (Site ProDAF)


4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

  • Remettre les pierres emportées ou déplacées par le bétail ;

  • Traiter les débuts de ravines ;

  • Revégétaliser les ouvrages au moyen du regarnis en saison des pluies dès que le cumul pluviométrique atteint 100 mm.

S’il s’agit d’un site communautaire, les mesures de gestion sont :

  • Gardiennage du site traité durant 3 ans. La norme recommandée est d’un gardien pour 15 ha ;

  • Mettre en place un comité de gestion (COGES) du site ;

  • Elaborer un plan d’aménagement et de gestion du site restauré (PAGSR) ;

  • Signer une convention locale entre le ministère en charge de l’environnement d’une part et l’exploitant ou le groupe d’exploitants du site.

5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-  Dissipation des eaux de ruissellement ;

-  Augmentation de la fertilité du sol et amélioration de la structure ;

-  Etablissement d’une végétation le long des ouvrages ;

-  Renforcement de la biodiversité ;

- Protection des terres fertiles de vallées en aval et des bas-fonds contre l’ensablement et le ravinement ;

-  Infiltration des eaux de pluie ;

-  Réduction de l’érosion hydrique ;

-  Récupération des terres dégradées ;

- Amélioration de la productivité des sols par le captage et la rétention des particules organiques transportées par l’eau ;

-  Colmatage des rigoles en amont des murets ;

-  Remontée de la nappe phréatique ;

-  Séquestration du carbone.

- Nécessité de disposer d’une main d’œuvre importante ;

-  Nécessité de disposer de carrières de pierres à proximité du site à aménager ;

-  Exigence de respect scrupuleux des courbes de niveau et des normes techniques pour optimiser les effets des cordons. 




6. Coûts de la technique

Coût de la technique à l’hectare

Rubriques

Unité

Quantité

Prix unitaire (FCFA)

Montant (FCFA)

Main d’œuvre filage des courbes de niveau

H/J

4

2 000

8 000

Nivellement

H/J

1

5 000

5 000

Collecte des pierres et chargement du camion

H/J

20

1 500

30 000

Kit petit matériel (daba, pioche, pelle, niveau d'implantation, barre à mine, corde…etc.)

FF1*

1

3 500

3 500

Equipement de protection individuelle (EPI) : Bottes, gants et masques

FF2*

1

300

300

Location camion (20 km par voyage)

Voyage

5

15 000

75 000

Main d'œuvre réalisation de l'ouvrage

H/J

12

25 000

300 000

Trouaison

Unité

225

50

11 250

Plants forestiers

Plants

225

100

22 500

Transport et plantation

Plants

225

100

22 500

Regarnis en 2ème année, achat, transport et plantation

Plants

75

200

15 000

Gardiennage (sur 3 ans)

H/an

3

20 000

60 000

Encadrement

H/j

1

7 000

7 000

Total investissement

 

 

 

560 050

NB:  Les coûts peuvent varier selon les contextes
    •    1* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un kit matériel (pelles, pioche,      daba, corde niveau à eau, etc.) coûtant 350000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an ;
     •    2* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un EPI (gants, bottes, masques, etc.) coûtant 30000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an.


7. Durée de vie

La durée de vie du muret en pierres est de plus de 10 ans.


Références bibliographiques

  • Ministère du Développement Agricole (Niger), 2003. Référentiel des mesures techniques de récupération, de protection et d’exploitation durable des terres, 2ième édition, projet protection intégrée, des ressources agro-sylvo-pastorales dans le département de Tillabéry-nord, FEVRIER 2003. 51 p.
  • Ministère de l’agriculture des ressources naturelles et du développement rural (Haïti), 1999. Manuel pratique de conservation des sols d’Haïti.132 p.