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  Fixation des dunes en milieu aride 
(système oasien du Kawar)

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La fixation des dunes dans les zones hyper arides est une opération qui consiste à stabiliser le sable mouvant à travers des techniques simples mécaniques et biologiques. Dans un contexte où les pluies sont quasi inexistantes et la principale source d’eau que la plante peut utiliser est issue des nappes phréatiques sub-affleurantes. Elle consiste à utiliser le matériel végétal se trouvant localement pour réduire fortement les vents et utiliser la proximité de la nappe phréatique pour faire pousser un couvert herbacé et ligneux.

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Ensablement et fixation de dune aux abords de l’oasis de Djado (Tidjani A D)


1. Objectifs

  • Stabiliser et revégétaliser les dunes vives à proximité des oasis du Kawar ;
  • Protéger les villages, les parcours et autres infrastructures socio-économiques contre l’ensablement.


2. Contexte/Conditions du milieu

La fixation de dunes en milieu hyper aride comme dans le Kawar est une opération propre aux zones à climat désertique, caractérisé par une saison sèche quasi permanente et à paysage de type oasien. 
Les oasis sont à vocation agro-sylvo-pastorale et occupées essentiellement par des palmeraies. 

L’ensablement d’origine éolien et la salinité constituent les principaux problèmes des palmeraies et des sites maraichers du Kawar. Les pluies sont rares et les vents sont très forts. Le palmier dattier constitue le principal type de végétal présent.

Ensablement de l’oasis de Siguidine (Tidjani A D).jpg
Ensablement de l’oasis de Siguidine (Tidjani A D)


3. Etapes de mise en œuvre

❖  Choix de la technique :

La technique pour lutter contre l’ensablement dans les oasis du Kawar est la fixation mécanique et biologique des dunes vives.

❖  Actions mécaniques :

Le seul matériau végétal disponible en excès dans ces zones hyper aride est le rachis du palmier dattier. On l’utilise pour la fixation mécanique des dunes. Selon la taille des rachis, un schéma d’aménagement doit être fait. 

L’écartement entre les palissades doit tenir compte des principes suivants :

          • 20 fois la hauteur de la palissade si le site est plat ;
          • 15 fois la hauteur de la palissade si le site est en pente ascendante ;
          • 25 fois la hauteur de la palissade si le site en pente descendante ;
          • Couper de façon sélective les rachis des palmiers dattier et autre matériel disponible. Ces matériaux serviront à construire la palissade ; 
          • Transporter le matériel végétal coupé ; 
          • Réaliser des tranchées d’ancrage des palissades ;
          • Installer la périmétrale puis des claies internes avec une porosité permettant la circulation du vent ;
          • Réaliser le paillage de la surface du sol selon la disponibilité du matériel ;
          • Epandre les ordures ménagères pour améliorer la fertilité du sol et amener des semences diverses.
❖  Actions biologiques :

La principale source d’humidité disponible est celle provenant des nappes phréatiques. De ce fait, le schéma de végétalisation doit tenir compte de la dynamique du front d’humidité des sols dunaires. Sur cette base, la période favorable pour ensemencer et le moment où le front d’humidité du sol est le plus haut possible. A cette période ; on peut :

            • Ensemencer les herbacées sous forme de semence paille ou graines disponible localement et à forte valeur fourragère. 
            • Planter les ligneux adaptés aux conditions arides (Acacia tortilis subsp raddiana et Tamarix aphylla si la dune présente des signes de salinité).
            • Les espèces végétales ligneuses et herbacées à utiliser pour cette opération doivent être de croissance rapide et résistante à la salinité, aux vents et à l’aridité.
❖  Caractéristiques techniques

Le schéma pour l’installation des palissades (brise-vent inerte) doit tenir compte du principe qui stipule que la prochaine palissade doit se trouver à une distance de 20 fois la hauteur de la palissade installée si le terrain est plat. Quand le secteur à fixer est en pente ascendante, l’écartement doit être de 15 fois la hauteur de la palissade, par contre s’il est en pente descendante, l’écartement doit être de 25 fois la hauteur de la palissade.

Les palissades pour être résistante aux vents forts doivent être bien fixées au sol. Les méthodes de fixation des palissades varient selon la nature des matériaux utilisés. Pour les rachis de palmier dattier, il faut ouvrir des tranchées d’au 30 cm de profondeur selon la taille des branchages.

Les palissades périmétrales sont plus hautes et plus robustes que les palissades internes.
Les hauteurs moyennes recommandées sont de 1,5 m pour les palissades périmétrales et 1 à 1,2 m pour les palissades internes.

La porosité des palissades doit permettre une forte réduction de la force du vent. Elle doit être comprise entre 20 et 30% selon la nature des matériaux.

Pour la plantation des ligneux l’écartement entre deux plants sur une même ligne et la distance entre les mêmes lignes doit avoir la même mensuration que le diamètre du houppier de l’arbre à l’âge adulte. Pour les ligneux dont le diamètre du houppier fait 4 m, l’écartement doit faire 4m sur 4 m, soit une densité moyenne de 625 pieds/hectare. Les plants doivent être plantés en quinconce pour bien protéger du vent le sol dunaire.

❖  Formation des communautés et organisation du chantier :

La formation des communautés doit porter sur :

-    L’identification du site à fixer ;
-    Processus de clarification du statut foncier du site à restaurer et signature de convention locale ;
-    Le prélèvement du matériel pour la fixation mécanique ;
-    La conduite de pépinière pour la production des plants d’Acacia tortilis subsp raddiana ;
-    La production des boutures de Tamarix pour la plantation dans les zones salée ;
-    Le repiquage des boutures et la plantation des plants d’Acacia tortilis subsp raddiana 
-    L’identification et l’épandage des semences d’herbacées ;
-    La création des conditions pour une bonne mise en défens des sites (gardiennage, clôture) ;
-    La conduite des chantiers de restauration ;
-    L’élaboration d’un plan de gestion du site restauré.


❖  Matériel technique

Le matériel nécessaire : pelle, pioche, corde, coupe-coupe/sécateur, charrettes, Equipement de Protection Individuelle (EPI) : Bottes, cache-nez et gants. 


4. Mesures de gestion, d'appropriation et de pérennisation

  • Reprendre chaque année la périmétrale et les claies internes ainsi que le regarnis ; la durée minimale d’entretien du site est de 3 ans. Si le couvert herbacé est bien régénéré dès la première année, un prélèvement modéré peut s’opérer ;

  • Garder le site traite durant 3 ans pour permettre au ligne de bien grandir et au sol de se restaurer ; le ratio recommandé est d’un gardien pour 15 ha ;

  • Mettre en place un comité de gestion (COGES) du site ;

  • Elaborer un plan d’aménagement et de gestion du site restauré (PAGSR) ;

  • Signer une convention locale entre le ministère en charge de l’environnement d’une part et l’exploitant ou le groupe d’exploitants du site.


5. Avantages et inconvénients/contraintes

Avantages

Inconvénients/contraintes

-        Restauration du potentiel écologique des dunes vives ;

-        Fourniture des services écosystémiques ;

-        Augmentation du revenu et lutte contre la pauvreté ;

-        Réduction de l’exode rural à travers la création d’emploi temporaire ;

-        Lutte contre l’insécurité alimentaire ;

-        Protection du domaine de production (préservation des cuvettes) ;

-        Séquestration du carbone.

 

-        Exigence d’un entretien rigoureux au moins les 3 premières années ;

-        Effets néfastes sur le peuplement de l’espèce utilisée pour la confection des palissades suites aux coupes abusives ;

-        Opération laborieuse nécessitant un travail de groupe ;

-        Manque de matériaux pour la fixation mécanique ;

-        Problème d’eau pour produire les plants à proximité du site.


6. Coûts de la technique

Coût de la technique à l’hectare

Rubriques

Unité

Quantité

Prix unitaire (FCFA)

Montant (FCFA)

Main d’œuvre confection des claies

(Coupe, transport et fixation)

H/J

130

1 500

195 000

Plants forestiers

Plant

625

100

62 500

kit petit matériel (pelle, pioche, corde, coupe-coupe/sécateur etc.)

FF1*

1

3 500

             3 500  

Equipement de Protection Individuelle (EPI) : Bottes, cache nez et gants

FF2*

1

300

               300

Transport

Plant

625

30

18 750

 plantation

 

 

30

18 750

Ensemencement des graminées (2ème et 3èmeannée)

Sac

20

2 000

40 000

Réhabilitation et consolidation des claies (2ème et 3èmeannée)

H/j

86

1 500

129 000

Regarnis (2ème et 3èmeannée)

H/j

187

160

29 920

Encadrement

H/j

1

7 000

7 000

Gardiennage (sur 3 ans)

H/an

3

20 000

60 000

Total investissement

 

 

 

564 720

NB:  Les coûts peuvent varier selon les contextes (distance des lieux de prélèvement des matériaux, difficulté dans la production des plants, disponibilité de la main d’œuvre)
    •    1* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un kit matériel (pelles, pioche,      daba, corde niveau à eau, etc.) coûtant 350000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an ;
     •    2* : Ce coût est calculé sur la base qu’une équipe de 60 personnes utilise un EPI (gants, bottes, masques, etc.) coûtant 30000 FCFA et amorti sur 100 ha en un an.

NB : Prévoir l’élaboration d’un plan de gestion du site aménagé


7. Durée de vie

Si la fixation a été faite selon les règles et si l’exploitation du site fixé respecte les normes, la dune est définitivement fixée. 


Références bibliographiques

  • Ministère du Développement Agricole (MDA), 2006. Recueil des fiches techniques en gestion des ressources naturelles et de productions agro-sylvo-pastorales, Niamey, Niger, Programme d’Actions Communautaires (PAC). 270 p.
  • TIDJANI A Didier, 2021, Diagnostic biophysique de l’occupation des sols dans les oasis du Kawar (Fachi-Bilma-Djado-Dirkou), Rapport d’étude PASP - ONG Garkua, 127 pages.